Jeudi 14 novembre 2002

D'évidence en évidence
Quand on n'est pas amoureux, on croit que quand on le sera, tout ira soudain mieux, que tout sera miraculeusement parfait, qu'il n'y aura plus aucun manque ni aucun doute. Mais ce n'est vrai : c'est un mensonge qu'on raconte pour désespérer ceux qui n'ont personne à aimer, juste pour les rendre encore plus malheureux. La vérité vraie, c'est que les questions et les incertitudes sont toujours là lorsqu'on est en amour. La vérité vraie, c'est que les interrogations et les questionnements sont encore plus présents lorsqu'on se met à conjuguer les verbes d'action et de sentiments au pluriel.

Ceux qui connaissent l'amour me disent que quand on aime vraiment, il n'y a plus de question. Il n'y a qu'une évidence, qu'une certitude. Une voix qui dit Oui et qui ignore les négations et les obstacles. Un coeur qui quitte la poitrine et fait des bonds de la tête aux pieds. Un regard qui toujours est ouvert mais qui pourtant ne voit plus rien de ce qui l'entoure.

Si c'est tout cela l'amour, je n'ai alors qu'une certitude : c'est que j'ignore ce que c'est qu'aimer. Je suis ignorante comme une gamine. Je ne sais rien. Je sais seulement que je ne sais pas. Ma seule évidence, ce sont mes doutes. Est-ce que je l'aime assez ? Est-ce qu'il ne m'aime pas plus que je ne serai jamais capable de l'aimer ? Est-ce que je suis prête à me donner entièrement à lui ? A lui confier mes rêves et mes secrets, mon existence évanescente et mon indépendance ? Est-ce que je ne suis pas condamnée à le faire souffrir un jour ou l'autre ? Est-ce que je ne lui mens pas en lui disant oui, alors qu'il m'arrive seulement de penser peut-être ? Est-ce que je suis vraiment honnête avec lui et avec moi-même ? Est-ce que je crois à ce que je fais, à ce que je sens, à ce que je vis ?

Et puis il y a ce questionnement ultime, qui réunit tous les autres : si je me pose tant de questions, c'est donc que je suis incapable de l'aimer vraiment ? Mais alors pourquoi je suis incapable de tout arrêter maintenant ? Car je ne peux pas lui dire "pars et oublie moi" lorsqu'il est prêt de moi. Je ne le peux pas. Ces mots se coupent dans ma gorge. Si je disais "pars et oublie moi", ce serait moi alors qui me mettrais à faire le plus gros des mensonges. Je n'ai jamais voulu qu'il parte et qu'il m'oublie. Cela aussi c'est, je crois... une évidence.

Je ne sais pas où me mènent les rails.



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