Matinée tranquille à la maison. On se remet doucement de la journée d'hier. Et puis, après tout, on est là aussi pour se reposer. L'après-midi, nous la consacrons à la visite de Batroun, petite ville côtière située à une cinquantaine au nord de Beyrouth. Nous sommes déjà passés plusieurs fois de ce côté, mais nous ne nous sommes encore jamais arrêtés pour visiter la ville ancienne. Des cousins nous ont dit que c'était surtout le soir qu'il fallait venir à Batroun. Depuis un ou deux ans, la ville est devenue l'endroit branché du Liban - une sorte de petit Saint-Tropez, si on veut. Dans la journée, c'est un peu mort, mais c'est vrai que l'on remarque partout des tas de restaurants à la mode. O. dit que la dernière fois qu'il était venu au Liban, il y a deux ans, personne n'aurait eu l'idée de sortir là bas le soir. Les modes vont et viennent très vite.Nous commençons la visite de la vieille ville par le port. C'est un petit port de pêcheurs tout à fait charmant. Une belle église maronite - Mar Estéphan - fait face à la mer et offre de jolis tons ocres, renforcés par le soleil.
Nous nous perdons dans les ruelles jusqu'à arriver au "mur de mer". Il s'agit des restes d'une immense carrière de l'époque gréco-romaine. Nous marchons au pied de la mer, entre les trous blancs creusés par le sel. En effet, les Phéniciens avaient taillés de petits bassins dans le rocher pour recueillir le sel. D'autres bassins plus modernes ont depuis été construits, mais en un sens ceux-là remplissent toujours leur office.
Pas loin de là, on trouve une petite chapelle orthodoxe - Saydet el-Bahr. Devant, des arcades ouvrent sur la mer et offrent une vue agréable. L'endroit est tranquille. On s'y sent bien. Mais il fait tout de même un peu chaud. Alors on considère qu'on a bien mérité un petit goûter ! Dans la rue principale, on déguste ainsi une bonne limonade (spécialité de la région) avec des pâtisseries orientales. J'en profite pour acheter le journal L'Orient le Jour, quotidien francophone. J'en apprends pas mal sur la politique du pays, en particulier sur la résolution 1559 dont on parle beaucoup depuis quelques jours : cette résolution décidée par l'ONU (et surtout les Américains et les Français) impose dans les prochains jours le retrait des troupes de Syrie. Mais elle a aussi renouvelé, sans élection, le mandat du président actuel, Emile Lahoud. Cela déclenche, on le comprend, des critiques de toutes parts.
Le soir commence déjà à tomber lorsque nous arrivons, à quelques kilomètres de Batroun, au couvent orthodoxe Deir Saydat al-Nourieh. Un chemin nous mène vers une petite chapelle d'où nous avons une vue magnifique sur la côte, jusqu'à Tripoli. Nous voyons peu à peu les lumières s'éclairer partout sur la ville. C'est la nuit, déjà. Il n'est pas même 19h30.
