2 février 2000

Bonsoir Fred,

On a parlé tous les deux, Roméo et moi. Une discussion sérieuse... la discussion sérieuse qu'il nous fallait avoir tous les deux, mais que l'on n'arrivait pas à entamer par désir encore de continuer une douce illusion que l'on savait impossible. On a parlé... En fait c'est surtout lui qui a a parlé. Mais j'étais d'accord, car je savais bien qu'on ne pouvait qu'en arriver là - c'est-à-dire nulle part. Je savais bien qu'il ne pouvait pas y avoir de suite à cette histoire, car de toute façon il y avait eu à peine un début. Le problème, c'est qu'on ne se voit jamais. Quelques kilomètres nous séparent, mais c'est à peine si on arrive à trouver quelques heures tous les quinze jours ou trois semaines pour se retrouver. Le problème, c'est qu'on ne se verra plus. Dans un mois, ce sont vingt fois plus de kilomètres qui nous sépareront. On ne se retrouverait plus que tous les deux ou trois mois.

C'est pas possible.

Au fond, je le sais depuis le début. Mais tout de même, je suis triste. Ma voix s'est coupée tout à l'heure, au téléphone, lorsque Roméo s'est mis à en parler. La raison a beau savoir, lorsque c'est au coeur de s'en rendre conscient, cela fait autrement plus mal. Nous n'avons pas rompu. Nous avons juste dit qu'il fallait qu'on y réfléchisse et qu'on en discute face à face ce week-end. Mais tout le monde sait bien que lorsqu'en ce domaine on commence à réfléchir, c'est la fin.

Eva.

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