En sortant de mon cours vendredi dernier, je suis entrée pour la dernière fois dans la salle des professeurs. Je me suis laissée tomber dans un fauteuil et ai laissé échapper dans un soupir : "
ça y est, j'ai donné mon dernier cours de l'année". Les collègues qui étaient autour de moi ont pris ma déclaration comme un "
ça y est" déjà désabusé et las, et m'ont rétorqué en riant cyniquement que j'avais encore au moins 37 "
ça y est" à ainsi prononcer dans les années à venir.
Mais si mon "ça y est" avait un ton un peu triste, ce n'était pas par lassitude et découragement devant les années à venir, c'était plutôt par nostalgie de l'année déjà terminée. Parce qu'en finissant, cette année laissait partir des visages connus que pendant tant de mois j'avais tour à tour fait sourire, crier, réfléchir surtout j'espère, mais aussi, je le sais bien, dormir. J'ai regardé mes Poulpes grandir pendant un an, et voilà qu'il me faut maintenant les laisser partir. Il n'y a pas eu d'effusion, ni de grand discours. Juste un mutuel "bonne chance" pour la vie qui nous attend chacun de notre côté. D'ailleurs, il y avait peu d'élèves à ce dernier cours, la plupart étant restés chez eux pour réviser les épreuves de l'examen qui commence demain. Certains poulpes étaient simplement un peu plus lents à sortir de la salle de classe, aussi maladroits que moi dans les formules d'adieu. Un de mes féroces Lions s'est tout de même exclamé : "ah ! le dernier cours... comme c'est triste !" Sa petite mélancolie m'a presque fait plaisir, car je me suis aperçue que je n'étais pas la seule à être un petit peu émue.
Dire que ce sera ainsi tous les ans, à la même période...
Eva.
