14 septembre 1999

Coucou Fred !

Mes journées sont longues en ce moment, tu sais... Mes grasse-matinées d'étudiante sont bel et bien finies. Aujourd'hui, j'ai fait 150 km pour écouter six heures de pure parlote. Et tout ça est bien fatigant, mine de rien. Même si c'était entrecoupé par de longues pauses au café de la petite ville de province qui m'accueille avec les jeunes professeurs de ma matière, tous les mardis. On nous apprend qu'on doit servir de modèle pour nos élèves. Mais aujourd'hui j'ai trouvé le moyen d'aller à trois reprises m'asseoir à la terrasse d'un café, ce qui est un comble car, lorsque j'étais au lycée, je veillais à ne pas traîner trop dans ce genre de lieu, par souci de sérieux et de travail !

Mais à la fin, toutes ces discussions m'avaient épuisée. Alors, de retour à Evaville, je suis allée à la piscine. Rends-toi compte, cela faisait presque un mois que je n'avais pas nagé une seule brasse ! Je me sentais, depuis quelque temps, comme un Friedrich II hors de son aquarium. J'ai essayé de reprendre mon rythme habituel, d'aligner les longueurs de cette piscine nouvelle pour moi. Mais au bout de 500 mètres de nage, une crampe assez violente a paralysé mon pied gauche. Je me suis arrêtée, et j'ai attendu que ça se passe. Puis j'ai recommencé à nager. Cinq minutes après, la crampe est revenue. De nouveau arrêt sur le bord du bassin, massage express du bout du pied gauche. Et de nouveau nage. Puis rebolote, encore et encore. Cette crampe ne cessait pas de revenir, et me forçait à m'arrêter tout le temps.

Pourquoi y a-t-il toujours, dans la vie, des crampes qui viennent engourdir ton bel entrain ?

Mais... Mais je ne me suis pas laissée faire par le diable Crampe qui voulait me détourner de mon couloir. Et j'ai continué malgré la douleur, me disant que la méchante souffrance allait bien finir par se noyer. Et elle est partie finalement, me laissant parcourir mes derniers mètres. Il n'est pas venu le jour où je me laisserai comme ça arrêter dans mon élan. C'est ma règle d'action : ne pas abandonner aussi facilement une partie commencée - que cette partie soit un exercice de natation ou un bout de vie.

Eva.


Eva ???

Ouh, la, la...

Une crampe, c'est ça, j'ai du aussi attraper une crampe ce soir (nuit) !

Je me suis endormi devant la télé...

...mais tu sais, grâvement, le genre de coup de barre auquel, même une Julia Roberts qui essayerait de te réveiller en te disant (en V.O.) que Cameron Diaz veut t'épouser (et Dieu sait que d'ordinaire, cette idée ne me laisserait pas indifférent...), ne parviendrait pas à mettre fin !!!
Donc, depuis, tout est rentré dans l'ordre (Cameron et Julia ont dû rentrer chez elles !) et me voilà le lendemain matin, presque frais et dispo !!!

Hier, on parlait de chocolat (non, je n'ai pas tout mangé ; j'aime bien faire durer les moments agréables, et il n'y a aucun plaisir à se baffrer un kilo de choco en moins d'une heure. Moi, j'aime bien les sentir fondre tout doucement... c'est comme ça !).
A leur propos, je voulais simplement ajouter (mais, tu le sais, Eva), que j'aime bien ces interférences entre le monde réél et le monde virtuel ; quand à ces moments là, tu sais que ces mots alignés sur un écran ne disparaissent pas dans un quelconque fil téléphonique ou sur une anonyme autoroute de l'information, mais finissent sur un autre (d'autres...) écran où ils seront lus...

Voilà Misséva, c'était tout pour ce lendemain matin
@ bientôt,

Fred,

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