Tout le monde dit I love you |
Dimanche 25 mars 2001
Il y a des journées que l'on exigerait d'avoir 100 heures, si c'était possible. Comme au cinéma lorsqu'on regarde un film si passionnant qu'on ne voudrait jamais en voir arriver la fin. Ce week-end m'a donné cette impression : j'aurais voulu qu'il dure des semaines, et mon seul souci était de voir les heures et les minutes se flétrir pour disparaître irréversiblement. Et, comme une belle ironie, il faut que ce soit justement ce week-end ci que le gouvernement ait décidé d'amputer d'une heure, en passant à l'heure d'été. Chaque année, j'en veux terriblement à la terre entière de voir qu'on me "vole" une heure de ma vie. Cette année, ma déception était encore plus profonde lorsque j'ai du avancer toutes les horloges de l'appartement. Si le temps a couru trop vite et m'a essoufflé pendant deux jours, c'est que je l'ai passé avec deux de mes amies. Elles sont arrivées vendredi soir par le train de 18h08, et, à 18h09, j'ai aussitôt été projetée sur une autre planète. Pendant deux jours, nous avons ri, parlé, mangé, bu, dansé, marché, paressé. J'avais l'impression que ma vie s'était transformée en comédie musicale, rythmée par la joie d'une mélodie ancienne et la légèreté d'un pas de danse improvisé. Est-ce parce que notre signe de ralliement était la musique de Tout le monde dit I love you ? Ou est-ce simplement parce que nous avions décidé d'être heureuses et que rien ni personne ne pouvaient nous détourner de notre résolution ? C'était un vrai week-end de filles - avec des chocolats et des grasse-matinées en pyjama. Nous avons oublié que nous étions des grandes filles et nous avons savouré nos quinze ans retrouvés. J'aimerais tant retrouver ainsi mes quinze ans toutes les fins de semaines. J'attendrais ainsi ma jeunesse tous les vendredi soirs, par le train de 18h08. Ce serait chouette. Si chouette.
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