Un jardin
pour moi



pour m'écrire





































hier demain
Vendredi 13 avril 2001

Vendredi 13... mais mon chat noir dort en rond sur la banquette, enveloppant dans sa spirale toutes les mauvaises superstitions.

Vendredi Saint et mort du Christ... mais dans deux jours, Il renaîtra, c'est sûr, c'est écrit même si on n'a pas la foi.

Vendredi au froid piquant qui rend le nez rouge... mais un rayon de soleil joue à se dissimuler à travers le rideau, annonçant dans un mouvement joyeux que le printemps est enfin de retour.

Tout semble ne pas être où on l'attend finalement. Peut-être que si je ne cherche pas les oeufs de Pâques dans le jardin, je finirai par les trouver quand même et ainsi pouvoir les déguster. Mais pour cela, il faut un jardin. Et je n'en ai pas. Alors je m'en vais aller en chercher un.

Je veux un beau petit jardin tout fleuri - avec des tulipes rouges, des pensées bleues, des primevères dorées, et plein de petites pâquerettes trouant la pelouse. Je veux aussi sentir le parfum du gazon fraîchement tondu et plonger mes mains dans l'herbe coupée. Je veux surtout me réchauffer devant une grande cheminée et voir les flammes danser sur la vitre de mes pupilles. Je veux rire devant l'enfance du blé encore vert à peine sorti de terre. Je veux caresser les agneaux nouvellement nés qui tiennent à peine sur leurs quatre pattes. Je veux lever les yeux vers le ciel et ne rien voir d'autre que le ciel. Je veux me rouler dans l'allée chauffée par le soleil avec mon chat noir. Je veux entendre l'accent paysan des vieilles dames en blouses fleuries demander "Alors, ça va, à la ville ?" Je veux m'entendre répondre que la campagne ne va pas me faire retrouver mes racines, mais malgré tout permettre de faire repartir mes pousses qui n'osaient pas germer. Je veux l'odeur transparente de la pureté de l'air. Je veux le vent dans mes cheveux qui emmêlera toutes mes mèches rebelles.

J'ai assez regardé mon nombril ces jours derniers. Mon journal est devenu trop noir, rempli d'une écriture bavarde qui se complaît dans l'auto-contemplation stérile. J'ai trop écrit, il me faut de nouveau sentir. Sentir pour revivre. Les quatre murs de ma chambre m'ont suffisamment enfermée dans la prison de mes pensées. J'ai été assez oppressée par moi-même. Il est temps de me libérer de cette pesanteur citadine pour ré-apprendre à respirer.

Il me faut un jardin. Ca tombe bien : j'en connais un à quelques dizaines de kilomètres d'ici. Donc je m'y envole à l'instant. Je ne sais si j'y trouverai des oeufs de Pâques. Mais je sais qu'il y aura des tulipes et des pensées, du ciel et du vent, des parfums et des senteurs, et puis tout le reste aussi. Et tout le reste... c'est justement ce que je veux retrouver.



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Ce que je lis en ce moment : la carte routière
Ce que j'écoute : les espoirs dans ma tête
Ma question du jour : le soleil en moi va-t-il revenir ?

Il y a un an.