L'année
est finie



pour m'écrire



















































hier demain
Vendredi 6 juillet 2001

Voilà, ça y est, je suis aujourd'hui en vacances. Le lycée, le bac, et tout le reste, c'est fini. J'arrive pas à y croire. Peut-être parce qu'il ne fait pas beau dehors. Peut-être aussi parce que je ne pars pas encore vraiment loin de chez moi. Peut-être aussi parce que je suis trop fatiguée pour me rendre compte de quoi que ce soit.

Depuis lundi, j'ai l'impression de passer mon temps dans ma voiture à courir d'un endroit à l'autre. J'ai tout de même roulé plus de 500 kilomètres en quatre jours, et quand on pense que lorsque je suis sur l'autoroute, coincée entre deux immenses camions crachant, je suis complètement crispée sur le volant au point d'avoir des ampoules aux mains à la fin de la journée, on peut facilement imaginer mon état aujourd'hui !

Le Bac, c'était plein d'émotions. Même de ce côté de la barrière. Si vous saviez ce qui se passe dans le secret des délibérations des jurys ! Si vous connaissiez les scrupules des profs à faire passer tel élève et pas tel autre ("Celui-là il a 80 points de retard... on lui fait quand même passer l'oral et espérer en vain ?") ! Si vous saviez le temps que l'on passe à éplucher tous les livrets scolaires, étudier toutes les possibilités ("celui-là, il est redoublant et a quatre ans de retard, on lui donne ou pas ?", se disputer aussi sur un cas litigieux ("si on le donne pas à lui, qui a presque la même moyenne que cet autre, alors on est injuste, et il faut tout revoir !") ! Dans le jury, il y a les profs qui marchent à l'affectif et qui voudraient donner le bac à tout le monde, il y a ceux qui jouent les intransigeants et qui refusent toute discussion, il y a ceux aussi qui ont les yeux fixés sur leur montre et qui toutes les dix minutes rappellent qu'on va pas y passer la nuit quand même et qu'on a autre chose à faire que se prendre la tête pour l'Education Nationale... Bref, à la fin de la journée, quand la chaleur et les cas de conscience ont bien amolli les esprits, on finit par lever la séance et quelqu'un se charge d'aller scotcher à l'entrée du lycée la fiche blanche remplie de noms. En sortant, on les voit tous, ces visages heureux ou ces yeux en larmes, ces explosions de joie ou de tristesse, et on a un petit pincement au coeur lorsqu'on pense qu'on y est pour quelque chose dans ces éclats d'émotions. Et puis en arrivant chez soi, on se met à réfléchir, et on ne sait même plus s'il faut se féliciter d'avoir créer un bac à 90% de réussite, ou, au contraire, s'il faut désespérer en voyant qu'on est en train de tuer l'enseignement...

Enfin, voilà. L'année est définitivement finie. J'ai quitté hier soir la ville pour m'aérer dans la campagne. Assister en avant-première aux moissons m'aidera à attendre quelques semaines encore avant d'être vraiment dépaysée. En attendant, j'ai besoin de calme et de repos. Ecouter le vent s'enfiler entre les branches fines du grand bouleau du jardin me donnera certainement l'impression d'être au bord de la mer...

Ciel nuageux


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Ce que je lis en ce moment : Bouquiner - Annie François
Fais pas ta rosière ! - Raymond Chandler

Il y a un an.
Il y a deux ans.