Inspirations et expirations



pour m'écrire









































hier demain
Mercredi 31 octobre 2001

Equilibre instable. Certitude impossible qu'il faut vivre jusqu'à la lie tous les instants du présent. Mais impression aussi qu'une bonne heure présente ne peut être qu'un mensonge. Illusion que tout va bien. Mauvaise foi cachant la lâcheté d'avoir à affronter les difficultés et de faire face à son angoisse. Peur irraisonnée de voir le point vide au fond de l'estomac assaillir de nouveau tout mon être. Désir d'une vie sans limite. Mais conscience des frontières qui emprisonnent et qui assoiffent. Pas bloqués par ces prisons et regards obscurcis par ces cachots intérieurs. Mais volonté de sauter plus haut pour éviter les précipices.

Les mots ne viennent pas. Ils se perdent dans ma gorge et ne parviennent pas à expirer... Pourquoi "expirer" est si proche phonétiquement de "expier" ? Sortir de soi le souffle de la vie, est-ce donc mourir à soi-même et perdre de son énergie vitale ? Expulser du fond de son ventre les bulles de fumées transparentes, n'est-ce pas plutôt chasser tous les bouts empoisonnés de soi-même ? Extirper de l'intérieur de ses lèvres les perles de vent invisible, n'est-ce pas plutôt détruire les noeuds trop serrés qui vous serraient l'estomac ?

Il me faut ré-apprendre à respirer pour retrouver le rythme du monde et ne plus être esclave de mes lunes. Respirer comme aux cours de gym... Et 1, 2, 3... j'inspire les images colorées des visages et des choses. Et 4, 5, 6... j'expire les ombres obscures du passé... Et 1, 2, 3... j'inspire les parfums marrons des tempêtes de feuilles d'automne. Et 4, 5, 6... j'expire les orages intérieurs qui veulent me violenter... Et 1, 2, 3... j'inspire les mots doux et souriants des lèvres inconnues. Et 4, 5, 6... j'expire les crachats monstrueux de mes illusions impossibles... Et 1, 2, 3...




Il y a un an.
Il y a deux ans.