Esclavage




pour m'écrire










































hier demain
Mardi 26 février 2002

Quel est le calvaire d'un diariste en ligne ? Qu'est-ce qui peut lui arriver de plus terrible ? Etre découvert par ses proches ? Ne plus avoir d'inspiration ? S'être cassé le doigt et ne plus pouvoir taper sur un clavier d'ordinateur ? Ne plus avoir le temps d'écrire ?

Non, rien de tout cela !

Le pire qui peut lui arriver, c'est de ne plus pouvoir mettre en ligne ses pages et ne plus pouvoir recevoir de courrier de la part de ses lecteurs. Je le sais, car c'est ce qui semble m'arriver depuis quelques jours. Le serveur de Multimania fait n'importe quoi et je dois galérer de longues minutes avant de pouvoir télécharger mes entrées. Pire, je me suis aperçue par inadvertance qu'un certain nombre de messages envoyés à cette adresse ne me parvenaient pas. La preuve, c'est que j'attends toujours les messages que je me suis envoyés hier pour vérifier le fonctionnement de ma messagerie.

C'est stupide, mais depuis que je me suis aperçue de ce problème, je me dis que je suis peut-être passée à côté de messages hautement importants. Peut-être qu'on m'a écrit pour me dire des choses magnifiques, qu'on attend de moi une réaction, qu'on est infiniment déçu parce que je ne réponds pas, qu'on interprète ce silence comme de l'indifférence et qu'on m'en veut. Peut-être qu'au contraire, on m'a envoyé des mots d'injures. Ou alors peut-être que c'est des mots d'amour qui se perdent dans l'infinité abstraite du net. Peut-être aussi que les dialogues de sourd que j'ai l'impression d'avoir avec certaines personnes qui ne répondent pas à mes messages ne sont dus en fait qu'à des problèmes de transmission des mails. Peut-être que... Mince, je ne me suis jamais fait autant de films sur mes lecteurs que dans ce simili silence ! Suis-je donc si dépendante des yeux des lecteurs ? Ne puis-je donc écrire seule dans mon coin sans me soucier de la façon dont je serai comprise ? Si je continue à me sentir aussi frustrée de ces problèmes techniques, je vais finir par croire qu'il n'y a pas de liberté pour le diariste en ligne : il est l'esclave de ses lecteurs, le prisonnier des regards extérieurs.

Oui, messieurs dames, je suis votre esclave... Alors, si vous voulez me délivrer, par pitié, écrivez-moi plutôt à cette adresse là...

la Pétaudière, c'est un restaurant de Montmartre




Il y a un an.
Il y a deux ans.