"Aujourd'hui, mercredi, journée la plus chaude de la semaine" : le radio-réveil me réveille au son de cette nouvelle qui ressemble à une menace. Soudain, malgré la relative fraîcheur du matin, je suis envahie d'une vague de chaleur moite et collante. Il n'est pourtant que 7h30 et je suis allongée sur le grand drap du lit, encore en chemise de nuit. Vite, se lever maintenant, temps que l'air est encore respirable. Une douche rapide. Mais déjà, malgré les courants d'air qui traversent l'appartement, je suis en sueur. Impossible de fuir. La chaleur est partout - étouffante, oppressante, menaçante. Je quitte l'appartement en glissant dans mon sac à main le thermomètre de la salle de bain. Depuis des jours, la météo joue avec ses propres records. Je veux savoir jusqu'où elle ira."Buvez même si vous n'avez pas soif" : le disque passe en boucle dans les couloirs du métro. Les hauts-parleurs du métro jouent à la maman avec les passagers. Bientôt, peut-être diront-ils aussi qu'il ne faut pas oublier son chapeau et sa crème solaire. J'ai ma petite bouteille d'eau dans mon sac, coincée entre mon bouquin et mes lunettes de soleil. Les gens du métro disent qu'il faut boire et soudain j'ai soif.
J'arrive dans le bureau. Avant d'ouvrir mon ordinateur, je me précipite sur les ventilateurs et je sors mon petit thermomètre de mon sac. 33° déjà, mais je suis préparée au pire. La matinée s'écoule. Je rêve mollement, entre l'ordinateur et le ventilateur. Je ne pense à rien et à tout en même temps. Je lis dix fois la même phrase sans la comprendre. Le vent artificiel à un mètre de moi me sèche les yeux. Toutes les heures, je vais remplir ma bouteille d'eau à la "fontaine" du bout du couloir : cela me fait faire une petite balade.
Midi 30. Je sais que le soleil va bientôt venir s'abattre sur les fenêtres du bureau. J'essaie de baisser les stores plus bas, mais impossible : ils sont déjà au maximum. 35° au thermomètre. Sortir, respirer, se retrouver. Le déjeuner se traîne en longueur dans le parc à côté du bureau. Mes collègues racontent leurs histoires. Nous avons avalé nos sandwichs en quelques minutes, mais nous laissons traîner le temps. Pourquoi ne resterions-nous pas toute l'après-midi dans ce jardin déserté, à l'ombre des grands arbres, à deux pas du tuyau d'arrosage ?
15h30. 37° au thermomètre de mon bureau. Je n'arrive plus à réfléchir. Je n'essaie plus de travailler de toute façon. J'ai juste mal au crâne. J'attends que le temps passe. Je ne sais plus rien faire qu'attendre. Si le thermomètre dépasse les 38°, promis, je m'en vais. Mais la seule perspective de me retrouver enfermée dans le métro, coincée entre les mauvaises odeurs de transpiration, me donne la nausée. Là, maintenant, j'aimerais pouvoir échapper à cette ville qui se consume - qui me consume. Là, maintenant, j'aimerais pouvoir retrouver mon souffle, mon esprit, mon corps. Quand donc le soleil arrêtera-t-il de lancer ses flammes mortelles ?