Lundi 20 août 2012

La vie légère

Les journées s'écoulent lentement, dans la chaleur lourde de l'été. Tout le monde se lève tôt et défile devant la table du petit déjeuner. Il n'y a que la Sardine qui fait la grasse matinée, pour récupérer de ses journées fatigantes passées à découvrir son nouveau monde. Le matin, le père d'O. enfonce sur la tête une vieille casquette qu'il met à l'envers et il va dans le jardin trier les figues. Il revient chaque matin avec un saladier plein de figues fraîches. Cette abondance donne l'impression d'une richesse infinie : la nature qui donne à profusion sans jamais s'arrêter. Est-ce donc vraiment ici le pays rêvé décrit dans la Bible ?

Les journées s'écoulent avec légèreté, dans l'insouciance de l'été. On nous a raconté que le jour précédent notre arrivée, il y a eu des manifestants à l'aéroport qui ont empêché un avion Air France de se poser. À demi mots, on nous a parlé de la Syrie, toute proche, à feu et à sang, et des tensions palpables chez les pro-Syriens libanais. Mais aussitôt, on a levé nos verres en s'exclamant « Cheers ! » ou bien « Sarten ! » et on a oublié la guerre sourde qui murmure sa violence à deux pas d'ici. Ici, l'on vit les yeux fermés. Des éclats de rire, des blagues, un plongeon dans la piscine, la musique à tut tête dans l'autoradio, et voilà on oublie les guerres, quelles qu'elles soient. Les Libanais ont trouvé la meilleure carapace pour se protéger des soucis : l'insouciance.

Je ferme les yeux moi aussi, et j'en viens à tout oublier. Je me promène sur la place de l'Horloge de Beyrouth et je regarde O. amuser la Sardine dans une petite voiture d'enfant. Oubliés les militaires armés qui gardent l'entrée de la place. Oubliée l'histoire de ce quartier reconstruit après des années de guerre qui l'ont complètement détruit. Inutile de déplier le journal pour lire les nouvelles du jour. La vie est si légère ici. On lève nos verres et, Sarten, les soucis on les retrouvera quand on passera les frontières du Liban pour retourner chacun dans nos pays.

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