Miaou !
C'est moi ! Eva bosse (enfin qu'elle dit, j'en mettrais pas ma patte au feu, moi !) et quant à Fred toujours pas le moindre petit mot de lui (vous devriez lui tirer les oreilles, il le mériterait !). Alors me voilà toute seule, moi, chatte écrivaine à la plume alerte et à la phrase légère. Vous pouvez louer le suprême effort que je fais, car c'est pas pour dire mais moi je suis bien crevée. Exténuée. Harassée. Vannée. Dès que j'aurai fini cette page je retournerai me requinquer sur mon coussin favori. Quoi ? Je suis jeune et qu'est-ce que j'ai à me plaindre comme ça ? Mais c'est de la faute de ma Maîtresse. C'est elle qui m'a épuisée. Mademoiselle avait invité une de ses vieilles copines à passer le week-end avec elle. Au début c'était sympa, je l'avoue : super repas (pour une fois qu'Eva faisait un effort pour faire la cuisine) avec des moules et des crevettes, double ration de caresses et de câlins (avec quatre mains rien que pour me gratouiller le dessous du cou), abondance de compliments sur ma belle personne (les "ouh qu'elle est mignonne !" et les "comme elle est douce !" n'ont pas arrêté de me chatouiller les oreilles)... Bref, super la copine d'Eva.
Et puis au bout d'une journée de telles attentions, j'ai commencé à en avoir marre. Basta ! Je me suis planquée sous le canapé, mais même là elles me retrouvaient. Et là, illico, ça recommençait avec les gratouilles et les chatouilles. Sans parler de leur super jeu qui consistait à jeter un bout de papier et à se marrer quand j'arrivais pas à l'attraper. Deux filles qui gloussent, c'est pas tant la joie quand on a besoin de paix et de tranquillité comme moi. C'est pas pour dire, mais vivement qu'elles se trouvent chacune un bon gros matou à gratouiller ces deux là, car je vais pas toujours être la pauvre pomme victime de leur manque d'affection ! Il serait temps qu'elles se trouvent d'autres poils que les miens à chatouiller... c'est moi qui vous le dit !
Enfin, je dois dire que c'est pas mon genre de me laisser faire. Je me suis vengée. Ployant sous les papouilles et l'échine fléchie sous les câlineries féminines, je fomentais mon plan. J'ai supporté vaillamment leurs hyperboles de douceurs. J'ai attendu qu'il fasse bien nuit et que les deux demoiselles se soient profondément endormies. J'ai pas eu longtemps à attendre, car les deux nanas avaient à récupérer de toute une journée passée à jacasser et à bouffer du chocolat. Je me suis mise sur le bureau, juste au-dessus du lit de la copine d'Eva. Je l'ai regardée longtemps pour ne pas rater mon coup. Puis, rabattant mes oreilles à l'oblique, la tête tout près du sol et les pupilles des yeux dilatées, je me suis préparée à attaquer l'intruse. D'un coup j'ai tendu mes pattes vers le haut et après un petit bond, j'ai foncé sur le visage endormi. J'ai senti le visage bouger sous mon ventre et j'ai entendu un grand cri sortir de sa bouche. Très vite un autre cri a jailli en haut, de l'autre lit. Vite je suis de nouveau allée me planquer sous le canapé, mais j'ai su que j'avais réussi ma vengeance lorsqu'Eva, affolée, s'est exclamée : "Mon Dieu ! Que se passe-t-il ?"
Hi, hi... Mais quoi, faut pas pousser ! Plutôt que rapatrier des copines esseulées, Eva n'a qu'à ramener des Roméos qui la caresseront elle plutôt que moi ! Non mais !
Bon, c'est pas tout les gars, mais moi je vais récupérer de ce week-end fou... des fois que Mademoiselle ma Maîtresse aurait idée de faire venir sous son toit d'autres copines aux mains trop caressantes.
Ronrons fatigués.
Hannah.