Enfin, il faut s'y faire : j'aime bien être là où on ne m'attend pas ! Et puis, t'inquiète pas : tant que j'ai un modem, c'est un jeu d'enfant de me retrouver. Et j'ai retrouvé mon modem aujourd'hui, donc je peux de nouveau t'écrire ! Toi, tu ne sais pas où je suis, mais j'ai tout de même pris le soin de laisser mon adresse à certaines personnes. A mon futur employeur par exemple. Il devrait me poster des informations importantes pour mon avenir. Seulement, dans ma boîte aux lettres postale, il n'y a pas grand chose. Pourtant mon futur employeur n'est pas n'importe qui : c'est tout de même l'Etat ! Je n'en demande pas beaucoup. Je veux juste savoir où je vais habiter l'année prochaine. Et quand je dis " année prochaine ", je parle bien sûr en année scolaire, et, si je ne m'abuse l'année prochaine commencera le 6 septembre prochain. Donc, toi qui es doué en maths, Fred, tu peux faire le calcul : nous sommes le 24 août, et je ne sais toujours pas où je vais enseigner le 6 septembre... c'est-à-dire ni dans quelle ville, ni même dans quel département. Je suppose que c'est un test ante-rentrée entrepris par l'Education Nationale, juste pour vérifier la force nerveuse de ses professeurs... Donc voilà : je suppose que je devrais être en train de préparer de jolis petits cours. Mais puisqu'on ne daigne me dire ni l'accent avec lequel parleront mes élèves, ni non plus leur classe, j'ai un mal fou à me rendre compte de la réalité de la situation, et à faire quoi que ce soit pour la rendre vraiment réelle ! Et puis de toute façon, Fred, je ne sais pas comment m'y prendre pour tout ça ! Comment on fait un cours, j'aimerais bien qu'on m'explique ! On m'a dit que, en théorie, j'étais apte à être professeur, mais on ne m'a pas dit du tout comment on s'y prenait en pratique. Tu ne peux pas m'aider, toi ? J'ai bien pensé, puisque je parle en quelque sorte ici sur un lieu public, m'adresser à nos lecteurs. Il y a sûrement parmi eux soit un prof, soit un élève qui voit très bien comment s'y prennent les profs, qui pourrait me dire comment on fait un cours. J'ai donc imaginé leur lancer un appel plus ou moins désespéré, qui dirait : écrivez-moi et donnez moi vos conseils ! J'ai pensé ça, et puis j'ai pensé à nos misérables statistiques. Et je me suis imaginée devant une boite aux lettres muette. Et je me suis dit que la perspective d'avoir bientôt une classe muette d'adolescents inintéressés par ce que je leur dirai suffisait bien à mes nerfs un peu mis à mal. Alors, Lecteurs, je ne vous lance pas d'appel officiel... mais quand même... si par hasard... comme ça... puisque vous avez un moment... si donc le cœur vous en dit... vous pouviez me dire quelques mots sur votre expérience de prof, ou sur vos souvenirs d'élèves... Bon, professeur virtuel d'une classe virtuelle d'élèves virtuels dans une ville virtuelle, dans un coin virtuel de France, je me suis dit finalement que le Rectorat et le Ministère m'accordaient là, par leur silence, un prolongement de vacances. Alors voilà, puisqu'Ils ne sont pas pressés de me sacrer prof, je garde résolument ma panoplie de vacancière insouciante : les lunettes de soleil sur un nez lui-même planté dans le gazon, je mange des glaces en lisant des magazines féminins insipides et superficiels en regardant les nuages à chaque page tournée. Et dire que " ça " va être prof dans deux semaines ! Voilà à quoi me condamne une virtualité qui cette fois-ci ne vient pas d'Internet ! Eva.
Jamais, ce gentil petit surnom ne t'aura aussi bien collé à la peau, alors ? Bon, mais est-ce que cette fois-ci, tu es revenue ? Enfin "revenue" voulant dire : "arrivée à portée de main de ton modem", car c'est ça la magie (tu te souviens...) ; on peut être n'importe où, aux prunes, chez les marmottes, sur un grand pont au-dessus de la mer, dans des petits ou grands appart' parisiens ou pas, ce soir j'ai l'impression qu'on se retrouve... Et tu reviens pour nous faire rire... jaune, bien sûr quand on y réfléchi, mais rire quand même tant on se dit qu'attendre le 5 pour t'envoyer ta petite convocation pour le lendemain matin, ou te laisser te débrouiller toute seule et faire appel à de sympathiques lecteurs qui te livreraient le secret de la "passion magique" parait surréaliste (surréaliste, mais charmant, dirait Hugh Grant...) Tiens, tu te souviens de nos conversations (passionnées) au sujet de Meg Ryan et Tom Hanks ? nos successeurs parleront, eux, de Julia et Hugh, en se demandant si tout cela est bien crédible, si on peut encore croire, presque en l'an 2000, aux contes de fée, ou aux histoires de la princesse charmante... Et toi, Eva, que penses-tu de tout ça? |
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