Tu le sais bien, j'ai une certaine tendance à poser parfois des questions un peu bizarres. Hé bien, j'en ai une aujourd'hui qui me trotte dans la tête comme la petite aiguille des secondes dans le cadran d'une montre. La voici : que devient l'heure lorsqu'une horloge s'arrête ? Ce n'est pas pour rien que je m'interroge ainsi. La nuit dernière à 23 heures, comme ce matin à 11 heures, la grande horloge du couloir s'est mise à sonner onze coups certes, mais au bout des onze coups elle n'avait pas envie d'arrêter de faire de la musique, alors elle a continué et encore continué jusqu'à ce qu'un volontaire (moi en l'occurrence) veuille bien se lever pour décrocher les poids à l'intérieur, afin de l'obliger à faire silence. Si je ne m'étais pas levée cette nuit, il serait encore 23 heures, et nous serions encore le 26 août 1999 - et donc je serais toujours sur mon pont. Tu ne trouves pas ça troublant toi, qu'une pendule puisse s'arrêter, et que, malgré tout, le temps puisse continuer de tourner - de tourner autour des douze heures du cadran... et justement en même temps d'avancer ? Où s'en va le temps quand nos montres cessent de le mesurer ? J'ai toujours beaucoup médité sur les horloges arrêtées sur une heure précise. Par exemple, dans le salon en bas, ça fait des années qu'il est 9 heures 05 sur la vieille horloge accrochée au mur. C'est comme à la fac, dans la salle d'étude où je travaillais, je ne pouvais pas m'empêcher de lever la tête sur la pendule au-dessus du tableau, à chaque fois étonnée que, toutes les heures que j'ai pu passer à la guetter et à la surveiller, il soit toujours 2 heures 20 (ou 14 heures 20). Je te le demande : où est donc passé le temps sur toutes ces pendules qui ne marchent plus ? On a inventé les montres à affichage digital (des chiffres lumineux au lieu d'aiguilles) pour empêcher de se poser cette question troublante : si tu débranches ton radio-réveil, il n'immobilise pas une heure, une minute, une seconde, mais n'affiche rien, laisse un vide (celui de la "fin du monde" ?) Dans une montre à cadran, tu vois les aiguilles courir, sauter, et se poursuivre entre elles. C'est toujours un suspens : vont-elles se rattraper un jour ? Et quand les aiguilles cessent de faire la course l'une contre l'autre - car de toute façon dans tous les cas c'est toujours la plus grande qui rattrape les plus petites - le monde ne disparaît pas, mais s'immobilise. Et alors c'est tous les jours, toutes les heures la même seconde. Où va le temps Fred ? Où va le temps... Eva.
... mais où trouves-tu le temps d'inventer des trucs pareils ? Tu avais raison dans ton mail, le lien ne fonctionnait pas... une bête histoire de " d'ouverture d'adresse, enfin, rien d'intéressant et en cherchant ce qui manquait en lisant cette page, je me disais que tu m'avais déjà posé une de ces colles métaphysiques dont tu sembles avoir le secret, ou l'exclusivité... Mais là, c'est plus grâve... car autemps le fichier n'appartient qu'à ton ordinateur, autemps le temps est universel ! D'où l'intérêt, la pertinence devrais-je dire, de la question ! Et l'intérêt d'y trouver une réponse plausible et convaincante, par ce que sinon, on va prendre du retard. Donc, essayons de poser le problème calmement : qu'est-ce qu'une horloge arrêtée ? Pour moi, c'est la limite du ralentissement (possible) d'une horloge (on admettra qu'une horloge normalement constituée, ne pouvant pas partir à l'envers). Et est-ce que tu t'inquiètes de ta montre que tu dois remettre à l'heure de temps en temps parce qu'elle a pris une minute en plus ou en moins ? Non ! Pourtant, toute la différence est là, celle qui avance, "vit", pendant que l'autre te semble inanimée ! (mais tu ne seras peut-être pas d'accord avec moi sur le choix du terme "inanimée" dans la mesure où elle s'est inanimée sur la position "sonne" et qu'elle continuait à sonner aussi longtemps qu'elle ne fonctionnait pas... Ce qui est surréaliste, avouons-le !!!). Donc, une chose est sûre : à l'instemps T, il est inutile de s'inquièter sur l'avenir du temps, si on considère qu'avec un tout petit peu plus d'énergie pour la faire fonctionner, on ne s'alarmera pas une seconde sur le retard pris par celle qui marche correctement... et nous n'avons pas parlé d'Einstein et de sa théorie toute relative : le temps serait-il fonction de la vitesse considérée ? Plus tu es pressée, plus tu vas vite et plus le temps s'accèlère, c'est ça ? Ce qui expliquerait qu'on arrive toujours en retard quand on est à la bourre, mais jamais quand on a le temps !!! Quoique !!! Je ne suis pas du tout sûr de l'aspect scientifique de ma version de la relativité, mais ce doit être une autre histoire et personne n'aura le temps de s'y pencher... On en reste là alors, Eva ? Bonne nuit quand même, Eva... @ demain, |
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