12 novembre 1999
Salut à tous les trois (vous vous êtes reconnus, n'est-ce pas ?)

Oh la la, que la page d'hier fait couler d'encre virtuelle !!!

La plume ayant déjà été prise ce matin pour désamorcer tout ceci, je ne reviendrai que sur ce que j'ai lu depuis...

J'aurais peut-être du commencer par là d'ailleurs !!! Mais, ni leur page du jour ni la notre n'auraient cette saveur ; ne dit-on pas que les plus belles inventions sont souvent le plus pur fruit du hasard ???

Bref, "j'ai tout lu...", disais-je !

De la naissance de leur chronique, en passant, en trapèze ;-) des glaçons de la Luciole à la moto d'Eric, et des grands-pères chasseurs aux notes d'Alegria... sans parler de celle de ce matin !!! Alors, pour ne pas faire comme moi, allez-y, lisez ces deux pages, et envoyez-leurs un petit mot gentil...


Quant à toi, chère Eva, à peine sorti (indemne ?) de l'embarras dans lequel je me suis mis tout seul, que tu me plonges dans le suivant ; vais-je devoir te recommander de désobéir à tes géniteurs, pour assumer ton statut d'adulte libre et indépendante...

Bon, je veux bien quand même essayer de t'aider :

  1. Tu as déjà eu un chat (2/3 de ta vie ; donc pendant environ une quinzaine d'années => avant que tu n'aies ton propre chez-toi => chez tes parents : C.Q.F.D.!!!
  2. Pourquoi tes parents s'y opposent-ils aujourd'hui ??? A toi de nous dire...
  3. Que représente pour toi le fait d'avoir ce genre de compagnon ?
  4. Partant de là : Qu'est-ce qui est le plus important pour toi, aujourd'hui ? Obéir ou réaliser son désir ?
  5. Ne laisses pas la question suivante polluer ta réflexion : "Que penseraient quelques poulpes devant les interrogations et le manque d'assurance de leur "guide spirituelle" ???"

Alors : Oui ou non ???

Bon, je ne sais pas vraiment si ça va t'aider, tout ça !!! Mais, tu commences à me connaître, maintenant ; tu ne devais pas t'attendre à autre chose qu'une pirouette et un clin d'oeil (au cirque, ça serait mon numéro préféré : acrobate-funambule-clown... ;-)))

A part ça, Eva, maintenant, j'en suis sûr ; "On nous observe !!! Il y a des gens qui nous lisent..." J'ai aperçu notre site hier, sur mon ex-PC, dans l'historique des pages récemment consultées sur le net et dans les favoris. Pourtant, je suis certain d'avoir fait le ménage il y a quelques mois... alors, un clin d'oeil supplémentaire !

Allez, à bientôt...
Fred,


Bonsoir Fred, et bonsoir à tous les autres yeux lecteurs aussi !

Les dernières heures ont été assez agitées - mes heures virtuelles, et, ce qui est bien moins drôle, mes heures réelles. J'ai donc pas mal de choses à raconter. Je vais essayer d'aller jusqu'au bout... Alors, soyons ordonnés et procédons dans l'ordre. Déjà, je vais faire un grand...


...comme toi, pour parler d'une chose après l'autre. La première chose concerne Alegria et La Luciole. Ce qui nous est arrivé à tous les quatre, en à peine vingt-quatre heures (décalage horaire compris), est la preuve qu'Internet offre le meilleur - et en même temps le pire. Le meilleur car il fait se rencontrer des êtres qui n'auraient jamais dû ou pu se rencontrer. Ce n'est peut-être qu'une rencontre de mots, mais c'est déjà tant. Les mots nous font vivre, nous mettent en vie. Dans les mots, il y a des mondes et des rêves, des espoirs et des échecs, des passés et des avenirs. Internet redonne vie aux mots qui, eux-mêmes, redonne vie à ceux qui les disent. C'est le but d'un journal, non ? Dire pour mieux vivre. Alors, quand les mots qu'on pose sur une page répondent eux-mêmes par d'autres mots lancés à Paris, au Canada ou à Evaville, c'est merveilleux. Et puis, parfois cela peut être effrayant. Car quelque fois les mots sont impuissants, fragiles et incomplets. Ils ne suffisent pas pour tout dire, ou bien ils disent trop, ou alors ils disent ce que ceux qui les prononcent n'avaient justement pas songé dire. Internet donne tous les mots - mais aussi justement simplement des mots. Alors, pour combler les vides, on interprète ces phrases lancées dans quelques lignes. Et l'interprétation parfois ne retrouve pas la réalité qu'elle tentait pourtant de découvrir.

Bref, il y a eu précipitation, il y a eu malentendu. Les mots ont voulu prendre trop de pouvoir. Mais tout est clair maintenant. Nous nous sommes expliqués. Merci Alegria pour tes gentils propos sur ta page. Merci aussi La Luciole. Et merci Fred d'être aussi gentil. C'est drôle, si on y pense, aucun de nous quatre ne s'est jamais rencontré. Mais j'ai l'impression - peut-être que je me trompe - que nous nous ressemblons un peu quelque part, avec nos différences - Alegria avec son soleil circulaire, La Luciole avec ses photos, toi avec tes rollers, et moi... ben moi avec tout ce que tu voudras m'accorder. Il y a la même attention à la vie, à commencer par la vie des autres. Non ? En tout cas, longue continuation à nos nouveaux amis virtuels !


J'aimerais que les conflits de la vie réelle durent aussi peu de temps que ceux de la vie virtuelle. J'aimerais que mes problèmes se résolvent aussi facilement, par quelques coups de mails. J'ai passé une après-midi affreuse. Pour la première fois, en sortant de cours, j'avais envie de pleurer. Je ne l'ai pas fait bien sûr. Pour la première fois, j'ai presque eu envie de tout abandonner. Pour la première fois, je me suis dit que ce métier n'était pas pour moi, que j'avais fait la plus grosse erreur de ma vie en allant dans cette voie. Mes élèves me haïssent tous. Lorsque je leur ai rendu leurs copies, ils étaient tous mécontents, l'oeil révolté et la parole acerbe. Je n'y comprends rien. Même ceux qui avaient une bonne note m'en voulaient. Je fais tout pour les aider, pour leur permettre de progresser, pour leur faire découvrir un nouveau monde que le leur. Mais ils tiennent si fortement à leur monde qu'ils n'acceptent pas d'en sortir. Ils ne comprennent pas que l'on puisse penser autrement qu'eux et que mon rôle n'est pas de leur inculquer à toute force un savoir, mais bien de les aider eux-mêmes à penser et ainsi leur donner les moyens de découvrir le monde qui les entoure et mieux y vivre.

En plus de cela, aujourd'hui, j'ai été lamentable à mon cours. Je n'avais pas eu le temps de déjeuner, ni celui de relire bien attentivement une leçon que j'avais préparé avant les vacances. Comme mes poulpes n'y mettaient pas du leur et étaient déjà bien remontés contre moi, j'ai dit un grand nombre de bêtises. Le pire, c'est qu'il y avait un professeur, sensé m'aider, mais aussi chargé de m'évaluer, qui assistait à ma déchéance. Etre nulle, c'est déjà pas facile à accepter. Mais être nulle devant témoin, c'est encore pire. Nous n'avons pas eu le temps d'en discuter à la fin de ce cours, car nous avions tous les deux cours après. Mais je sais ce qu'il va me dire. J'imagine même qu'il n'est pas pressé de me faire les reproches qu'il a à me faire, et que c'est pour ça qu'il m'a dit qu'on en parlerait seulement lundi.

Excusez moi d'embêter tout le monde avec ça. Mais j'avais besoin de trouver des mots pour m'aider à supporter cette situation. J'en suis, ce soir, à me demander dans quoi je pourrais bien me recycler et, comble des horreurs, je m'aperçois que je ne suis capable de ne rien faire d'autre que ce que je fais en ce moment si mal !

J'aimerais te dire, Fred, que ce découragement est passager. Ce n'est pas mon genre de me décourager. Je ne suis pas comme mes élèves ! J'aimerais...


Alors tu comprends qu'avec tout ça, la question du "oui ou non ?" est maintenant bien loin ! En sortant de la salle de profs, après mes horribles heures de cours, je n'ai pas eu le courage de parler à quiconque, et je ne suis pas allée voir la collègue qui m'avait proposé le petit chaton. Je suppose que la prochaine fois que je la verrai, elle aura trouvé pour lui un maître. Je ne suis même pas sûre d'avoir envie de lui téléphoner pour dire "oui". Pour répondre à ta question 2, mes parents ne veulent pas de chat, car ils arguent de multiples inconvénients - en particulier celui des vacances : vu que je passe ma vie dans un train, à aller d'un lieu à un autre, ce n'est pas l'idéal d'avoir en plus de mon gros sac à dos un panier avec un chat dedans. Mais tu vas me dire que leur argument est bidon si on y réfléchit bien. Je sais bien. Ils ont des vues comme ça. Pas de chat, pas de vélo, pas d'ordinateur. Pour l'ordinateur, faut pas abuser, j'ai tenu bon... sinon nous ne serions pas là sur cette page tous les deux ! Quant à ta dernière question, elle est très bonne - même si tu dis à mes poulpes que je suis leur "guide spirituelle", ils te riront au nez ! Je vais le prendre ce chat - ce chat ou un autre. Je le sais. C'est juste que je sais que cela va créer un conflit. Et j'en ai marre des conflits moi ! L'école, la famille, Internet... non, ça suffit ! je ne veux plus de dispute !


Bon, je vais arrêter cette page ici. Arrêter cette journée aussi, en allant directement au lit, en essayant de ne pas me taper la tête contre les murs au passage. On dira que ce n'était pas mon jour aujourd'hui... Désolée pour cette triste page... si du moins tu es arrivé jusqu'au bout.

Eva.

P.S. : Ton dernier clin d'oeil m'a fait sourire... Je ne savais pas que ton ex-PC te lisait !


Mais, non, Miss, elle est pas triste ta page : d'abord, je suis arrivé jusqu'au bout... ;-)) et puis elle finit par un clin d'oeil et un sourire...
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