23 novembre 1999

Bonsoir Fred !

Ce n'est pas la peine que je t'écrive ce soir... J'ai la tête pleine. Ou vide, c'est comme tu veux. En tout cas, ma tête ne réfléchit pas comme à son habitude. Corriger des copies est un des pires calvaires que connaît un professeur. Une fois que tu en as lu une, tu as quasiment lu toutes les autres, car elles se ressemblent toutes - les mêmes fautes à hurler, les mêmes exemples, le même plan stéréotypé. Le pire, c'est que mes petits élèves se sont donnés du mal. Ils ont si bien écouté mon cours qu'il le reproduise quasiment textuellement dans leurs copies. Seulement corriger un cours que j'ai moi-même composé ne m'aide pas beaucoup à évaluer la capacité de penser de mes élèves. Ca me dégoute d'avoir à leur mettre des mauvaises notes...

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Donc, n'en parlons pas ! Je voudrais ce soir commencer à te montrer quelques photos. Ce sont les photos de mes vacances d'été. Je sais, c'est loin, mais je viens juste d'avoir un scanner. Je voudrais ouvrir l'album photo rationnellement, et tourner les pages en suivant un cycle ou un thème si tu préfères.

Alors voilà, je commence les photos avec le cycle : Arche de Noé. Tu sais, Fred, j'aime beaucoup les animaux. Et tout le monde se moque de moi, car dès que j'en vois un, je le prends en photo. C'est plus fort que moi. Donc, j'ai un bon tas de photographies d'animaux de tous poils.

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Commençons ce soir par eux :


Non, ce n'est pas une carte postale, ni un trucage. J'ai vraiment vu ces animaux sauvages. C'était au cours de ma randonnée en montagne. Ce jour de marche était un peu irréel. Nous contournions un glacier, et donc nous n'avions cessé de rencontrer de la neige. Nous avions marché toute la matinée dans les névés, entre vent et soleil. Une fois les passages enneigés passés, nous nous sommes arrêtés pour déjeuner. Nous avons sortis notre saucisson, notre fromage (ou ce qu'il en restait, car, par peur de trop nous charger, nous avions été un peu avares sur les provisions alimentaires au moment de notre départ), notre bon vieux pain de campagne. Tout d'un coup, l'un d'entre nous s'est écrié : "Regardez !". Un peu plus bas, au bord d'un petit ruisseau, il y avait une Maman bouquetin avec ses petits. Nous les avons suivis longtemps des yeux, nous étonnant de leur habileté à grimper sur les rochers les plus abrupts. Lorsque nous nous sommes remis à marcher, nous les avons rencontrés sur notre chemin. Ils étaient vraiment tout près de nous. Nous n'osions plus avancer, de peur de les effrayer.

J'étais si émerveillée. Je croyais que ces animaux là n'existaient que dans les rêves des montagnards, un peu comme les licornes dans les contes de fés...

La suite de mon arche demain...

Eva.

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