6 décembre 1999

Bonsoir Fred,

Ce soir avait lieu mon tout premier conseil de classe. Vraiment premier car, lorsque j'étais élève, je n'ai jamais été déléguée, et je n'étais jamais entrée dans cette antre secrète où les destins se nouent. J'étais un peu inquiète. D'autant plus que c'était le conseil de la classe des fauves, celle avec laquelle j'ai des problèmes - celle qui passe son temps soit à me draguer soit à contester tout ce que j'essaie de faire et qui semble s'acharner à vouloir me dégoûter du métier avant même d'y entrer.

Il y a quelques jours, j'avais demandé conseil à un collègue : "comment ça se passe ? que faut-il faire ?" Sa réponse était franche : "tu es débutante, il vaut mieux en dire le moins possible et observer."

C'est ce que j'ai fait. J'ai ouvert mes yeux, mes oreilles : "classe dans l'ensemble décevante, malgré de bons éléments", "manque d'attention", "pas assez de travail", "classe fatigante qu'il faut sans cesse rappeler à l'ordre"... Ouf, les fauves ne sont pas simplement des bêtes sauvages qu'avec moi !

Je n'ai presque rien dit - j'ai écouté. Même si avec une moyenne de 8,5, inférieure de deux points à la moyenne de la classe dans les autres matières, cela en disait assez large. A la fin du conseil, il était presque 19 heures, le professeur qui menait le débat donna, comme il se doit, la parole aux délégués. L'un des délégués, avec qui j'ai eu d'assez violents accrocs la semaine dernière, saisit au vol la perche qui lui était donnée : "j'ai des revendications à faire, au nom de mes camarades, contre trois matières". Je savais bien que parmi ces trois matières il y avait la mienne. Heureusement, on a remis le contestataire à sa place : "ce n'est pas le lieu, au conseil de classe, que de régler ses comptes avec les professeurs, il faut leur en parler en particulier". Re-ouf, car je me voyais mal avoir à me justifier devant tous les profs, les parents d'élèves, le proviseur. Tout le monde a bien compris cependant qu'il y avait un problème avec la philosophie. Et ça ne m'étonnerait pas d'avoir bientôt des nouvelles du représentant des parents d'élèves qui a demandé quelle procédure il fallait suivre lorsqu'on avait ce genre de difficultés avec un professeur...

Sur le chemin du retour, avec le collègue qui me raccompagnait en voiture, nous en sommes venus à dire que décidément nous n'aurions jamais pu être conseiller d'éducation, et avoir une autorité aussi ferme que cette femme à poigne et assez impressionnante qui était présente au conseil de classe. A ce moment là, un de ces doutes qui m'assaillent parfois m'a échappé, malgré moi : "déjà que je ne suis pas sûre d'être faite pour être prof !", ai-je sorti au détour d'une phrase. Ce genre de questionnement me trouble souvent, je dois l'avouer, surtout à propos de cette classe. Heureusement, ce n'est pas tombé dans le vide : j'ai entendu de la part de mon conducteur un "voyons, comment tu peux dire ça !" Ca m'a rassuré quand même un peu.

Eva.

Bonsoir Eva !

Juste un petit mot pour te faire sourire, ce soir :
Hier, j'ai demandé aux deux pirates comment on pourrait appeler un petit chat ; réponses :

- Laura, elle l'a appelé Caramel ; mais c'est parce qu'il est marron... Sinon, si on ne sait pas de quelle couleur il est, on peut l'appeler Mistigri

- Ou Mistinoir...

J'espère que ça aussi, ça va un peu te rassurer !!!
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