Urgences



pour m'écrire





































hier demain
Mercredi 3 janvier 2001

J'ai avoué l'autre jour que je n'aimais pas Noël, que ce jour de fête ne me rendait pas particulièrement heureuse et que, pour cette raison, je ne partageais pas l'excitation collective qui paraît toucher tout le monde à cette époque de l'année. Que n'avais-je pas dit là ! Quelques lecteurs ont réagi : "hé, t'exagère, là ! t'es un peu dure avec cette bonne vieille tradition de Noël !". La réaction quelque peu choquée de ces quelques lecteurs prouvent en fin de compte à moi qui en doutais que Noël est bien encore une fête religieuse, ou du moins un jour sacré : qu'on croit ou pas en ce qu'il célèbre on considère encore ce jour comme un jour unique dans l'année auquel il ne faut pas toucher. Donc, c'est peut-être vrai, chers Lecteurs, j'ai peut-être été un petit peu dure avec le père Noël, ses rennes et toutes les guirlandes...

Mais, chers Lecteurs, je trouve que j'ai payé bien cher mon prétendu blasphème ! Car le châtiment en réponse à cette fameuse chronique a été terrible. Laissez-moi vous raconter la façon dont nous avons vécu les fêtes dans ma famille...

Le 24 décembre au soir, après le repas du réveillon, de violents maux de ventre m'ont pliée en deux et m'ont entraînée tout droit aux toilettes où j'ai dû dire adieu d'un coup de chasse-d'eau aux huîtres et au saumon que j'avais ingurgités quelques heures plus tôt. Le lendemain, mon mal était fini, mais je l'avais transmis à mon Papa. Tout le monde a alors été mis d'office au régime riz-et-pâtes le 25 décembre et les jours suivants. Quelques jours plus tard, la nuit précédent mon départ pour un séjour chez des amis, les maux de ventre et les nausées ont repris, faisant fonctionner encore une fois à outrance la chasse d'eau. Le ventre de mon Papa s'ennuyait tout seul avec ses microbes et les a transmis, pour ne faire aucun jaloux, au ventre de ma Maman et au mien. Nous étions tous les trois condamnés au lit. Le médecin qui est venu dans notre Hôpital nous a appris ce que nous savions déjà : nous avions été touchés par l'épidémie de gastro-entérite qui règne en France en ce moment. Lorsque j'ai enfin pu partir chez mes amis, en écourtant mon séjour chez eux, j'avais un sac plein de médicaments - des gros, des petits, des à-diluer, des à-avaler, des à-croquer. Ma gastro s'est calmée, mais mon nez et ma gorge, eux aussi, se sont mis à être jaloux. Ils voulaient eux aussi flirter avec des microbes, comme l'avait fait mon ventre. Alors ils ont chopé un rhume qui traînait dans les parages et l'ont gardé précieusement avec eux pendant toute la fin de mes vacances. Mouchoirs, médicaments et maux de gorge - les trois M pour un joyeux Noël. Mon frère, qui avait échappé à nos microbes familiaux, n'a pas voulu, de son côté, être en reste, et, en plus d'un bon rhume, s'est confectionné un très douloureux mal de dents qui l'a tenaillé pendant une semaine. Youpi, c'était de bonnes vacances.

Chers Lecteurs, j'ai peut-être été un peu dure avec Noël, mais avec ce déferlement de microbes en tout genre, croyez-vous que je vais me mettre à aimer cette époque de l'année ? Pure coïncidence, direz-vous. Pas tout à fait, étant donné que l'année dernière à la même époque j'étais dans le même état. Je suis pleine de bonne volonté, croyez moi, mais vraiment, le sort ou les dieux, je ne sais, paraissent tout faire pour que, décidément, je me mette à appréhender cette période de l'année. Vous ne le pensez pas ?

_______________________________________________
Ce que je lis en ce moment : Mercure - Amélie Nothomb.