Hôtel de luxe pour autos
désobéissantes



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hier demain
Samedi 23 décembre 2000

Après les aventures de Mademoiselle Pataude, voici en exclusivité mondiale celles de Grosse Nouille...

Ce matin là, Grosse Nouille avait décidé d'aller à son travail en voiture. Le train, c'était sympa un temps, mais les grèves, les retards, et tout ça, elle commençait à s'en lasser. Elle se disait qu'il fallait bien qu'elle utilise sa voiture toute neuve, qu'elle lui fasse voir le monde un peu. Elle affirmait qu'une voiture, c'était la liberté, l'indépendance, le pouvoir, et tout et tout.

Ce matin là, donc, elle alla chercher sa voiture qui devait dormir sur un parking à une dizaine de minutes de chez elle (car Grosse Nouille vit dans un quartier touristique où on ne laisse pas paître les autos en paix). Grosse Nouille marcha sur le parking, appelant d'une voix douce son automobile. Pas d'auto. Elle refit le chemin en sens inverse. Toujours pas d'auto. Grosse Nouille avait l'impression de vivre en plein cauchemar. Elle s'est pincée très fort, mais, rien à faire, elle ne se réveilla pas. Il fallait bien qu'elle se rende à l'évidence : elle était bel et bien éveillée, et sa voiture avait bel et bien disparu.

Grosse Nouille pensa d'abord à un vol. Elle savait bien qu'il y avait des méchants dans toutes les villes. Mais Grosse Nouille se souvint soudain qui elle était : Grosse Nouille. Elle se souvint qu'en garant son auto, elle s'était étonnée de voir un petit panneau représentant une voiture en train de se faire remorquer par un gros camion. Elle se rappela qu'elle avait laissé son auto sous ce panneau. Alors, toute nouille qu'elle était, elle compris que l'auto s'était faite séduire par un agent de police qui l'avait embarquée dans un hôtel de luxe remplie d'autos comme elle.

A son travail, elle haussa les épaules à tous ceux qui lui souhaitaient "joyeux Noël" et "bonnes vacances" et, dès sa journée finie, elle courra au commissariat. On lui donna l'adresse de l'Hôtel des voitures et elle fit l'expédition en bus jusqu'à la banlieue reculée où se trouvait sa voiture. Elle fut heureuse de signer le gros chèque en remboursement de la joyeuse escapade de son auto. Elle exulta quand elle retrouva son auto sur le parking de la fourrière avec un petit papier sur le pare-brise indiquant que la voiture s'était offert des extra pendant ses vacances.

Une voiture, c'est la liberté. Noël, c'est forcément joyeux. Ce jour-là, Grosse Nouille comprit qu'il fallait arrêter de répéter les clichés. Elle n'en voulut pas excessivement à son auto fugueuse, puisqu'elle partit avec elle pour lui montrer ce qu'étaient les vacances en vérité. Mais elle se dit qu'elle se rappellerait longtemps de cette fin d'année.