La valse à mille temps. |
Jeudi 21 juin 2001 Valse d'été, valse de musique. C'est le 21 juin. Et Paris qui bat la mesure... comme dans la chanson de Jacques Brel. L'arrivée à Paris sous la chaleur pesante d'une ville moite. La petite provinciale qui sort de la gare. Fière mais mal à l'aise dans la petite robe rouge dépoussiérée des années années cinquante de sa Maman. Les regards masculins sur elle qui se demande comment sa mère a bien pu se mouvoir dans une robe aussi suggestive trente ans plus tôt. Une valse à trois temps qui s'offre encore le temps... de papoter autour d'un jus d'orange dans la chambre de Copine Steffie. Cette chambre d'étudiante recouverte de photographies de délires de copines où on me voit dans des poses compromettantes, prise en flagrant délit de retombée en enfance. Ces bulles de savon que nous nous amusons à voir tomber tout en bas sur le boulevard. Une valse qui prend encore le temps de faire tourner en rond le passé et l'avenir tout à la fois dans des discussions sans fin. L'épluchage du catalogue du Vieux Campeur dans le métro. Le type d'à côté qui nous écoute critiquer les commentaires sexistes de la page "roller". Le sourire de Copine Juju qui nous attend. Son concert qui commence et les notes qui s'envolent. Elle est belle avec sa flûte argentée sous les doigts. Sous la musique, la valse se met à tourner plus vite déjà. Comme c'est troublant... Le dîner rapide avec un Paris qui commence à gronder avant de tout d'un coup se mettre à exploser. Le métro qui étouffe sous les hordes de gens qui vont tous quelque part sans pourtant savoir où ils vont. Dehors. Enfin de l'air. Mais très vite la foule. La foule tremblante. La foule dansante. La foule chantante. Le rendez-vous foireux Place des Vosges où l'on ne rejoint pas les copains qui avaient vaguement promis de nous rejoindre. La foule trépidante qui vibre au milieu des rues. Les rythmes qui partent de tous les sens. Le désordre absolu des voix qui crient et des corps qui ondulent. Le Marais. Tout va vite. Tout va fort. C'est la valse à mille temps. Les sons se font concurrence, ne laissant plus le temps de respirer. La Rue des Rosiers. Les odeurs orientales d'un Paris étranger. Les boutiques branchées d'un Paris trop moderne. La foule partout. Vite. De l'air. La Seine enfin. Les quais. L'air qui vient de l'eau. Ce groupe de vieux marins bretons qui crient "vive la Bretagne libre" en fredonnant des chansons paillardes. Les amoureux qui sont collés les uns aux autres. Saint-Michel noir de figures qui déambulent, ne sachant toujours pas où elles vont. La nuit qui est devenue totalement noire. La foule toujours. La foule au secours. Le dernier métro où on se sert comme un jour de grève. Sauf que tout le monde rigole. J'ai le nez dans les cheveux d'une fille qui parle de Loft-Story à sa copine. Enfin. On retourne au silence. La valse se déroule enfin et reprend le temps d'égrainer son rythme ternaire. Une valse traînante qui est fatiguée d'avoir pris un si grand élan. Une valse qui s'endort en parlant et qui ne se rend pas même compte qu'elle est déjà partie dans le sommeil, au milieu des rêves d'un voyage parisien. ![]() _______________________________________________
Ce que je lis en ce moment : un roman pour enfant Joie du jour : j'ai terminé hier la correction de mes copies (une semaine avant l'échéance !) Il y a un an.
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