Si loin, |
Lundi
12 novembre 2001
Depuis la rentrée, deux de mes meilleures amies sont connectées à Internet. Il me semble que depuis les relations que nous avions ensemble se sont modifiées. Malgré la distance, nous nous sommes rapprochées. Nous habitons chacune à un coin de la France. Par conséquent on se voit peu, même si la plupart du temps on passe une partie des vacances ensemble. N'aimant pas trop le téléphone, jusqu'à maintenant on s'appelait peu souvent, même si à chaque fois la communication était longue. Ainsi, lorsque nous nous rencontrions, nous avions beaucoup de choses à nous dire... et en même temps relativement peu, car nous allions à l'essentiel, faisant des résumés de nos vies et passant sur les détails sans incidence. Depuis que chacune de nous est connectée aux autres, nous ne cessons de nous envoyer des messages. Nous avons formé un petit groupe sur e-group et ainsi chaque message envoyé à l'une est envoyé aussi aux trois autres (car une amie d'amie s'est jointe à nous - devenant mon amie elle aussi). Le principe implicite est de nous soutenir, de nous faire sourire, de faire sentir à l'autre qu'elle n'est pas seule. Etant peu portées sur nos boulots respectifs, tout est prétexte à mettre en plan notre travail et à cliquer sur la petite icône en forme d'enveloppe pour aller voir s'il n'y aurait pas un petit quelque chose qui attendrait dans la boite aux lettres ou pour venir raconter le dernier événement qui nous est arrivé. Cela fait plusieurs années que je suis sur Internet, mais il me semble n'avoir jamais envoyé et reçu autant de messages qu'en ce moment.
Mes amies paraissent si proches, malgré les kilomètres. Les suivant quasiment heures par heures, par e-mails interposés, il me semble redécouvrir mes copines. Je suis témoin d'une fragilité qui se taisait dans nos rencontres, ou du moins qui ne paraissait pas si présente. L'écrit rend plus aisé les confidences et l'immédiateté du média plus fréquents et plus réguliers les contacts. Cela fait du bien de ne plus être seule devant son écran. Dans nos messages, je retrouve l'écriture quotidienne de ce journal. C'est différent, bien sûr, car moins abouti, plus rapide, et pourtant, certains soirs, j'ai l'impression de me répéter lorsque je viens écrire ici. Pour la première fois depuis les débuts de ce journal, j'ai même eu envie de parler à quelqu'un de la "vie réelle" de l'existence de ces Regards, comme si c'était une continuité naturelle de passer des e-mails au journal. Au fond, un journal publié sur Internet est une longue lettre que l'on envoie à des amis. Que l'on connaisse ou pas ces amis ne change peut-être pas tant de choses, à partir du moment où ce sont de vrais amis...
Il y a un an.
Il y a deux ans. |