Tout ce que j'ai voulu savoir sans oser le demander




pour m'écrire












































































































hier demain
Lundi 14 janvier 2002

Je sais que je pose trop de questions. Il n'y a pas un seul de mes Poulpes qui n'aient soupiré à un des mes cours, en maugréant que décidément leur professeur posait bien trop de questions et ne donnaient pas assez de certitudes toutes faites. L'angoisse de certains, c'est de savoir si je suis comme ça (aussi chiante doivent penser certains, ou du moins aussi prompte à la discussion et à la délibération) dans la vie de tous les jours, avec ma famille ou mes amis. Imaginer qu'en dehors de la salle de classe je me comporte comme tout le monde, me contentant de ce que je sais et ne me révoltant pas contre ce que j'ignore, tend peut-être à les rassurer sur ma propre santé mentale. C'est toujours louche de se poser trop de questions. Bien plus louche que de savoir y répondre.

Pour les rassurer et peut-être détruire mon image d'être bizarre (j'ai l'impression de l'être pour beaucoup de gens), je dois avouer que je ne suis pas tout le temps en train de me poser des questions. Je ne refais pas la Seconde Méditation cartésienne quand je me lave les dents avant de me coucher, ni ne remets en question le matin quand je pars travailler le fait que le soleil se lève tous les jours et se lèvera ainsi pendant encore longtemps. Pourtant, indéniablement, dans la plus totale quotidienneté de la vie, il m'arrive quelque fois de me poser des questions qui n'ont certes rien de philosophiques, mais dont l'absence de réponses me travaille avec presque autant de force que si c'était des questions importantes.

Permettez donc moi de vous faire part de mes incertitudes. Il s'agit d'interrogations qui n'ont certainement aucun intérêt ou peut-être dont la réponse est évidente pour certains, mais qui pourtant reviennent me titiller à chaque fois que j'y suis confrontée. Alors voilà...

1] La première question peut surprendre, mais elle est pour moi d'une actualité toute récente : est-il normal d'avoir le palais de la bouche inflammé après avoir mangé des fromages à pâte comme le gruyère ? Mais qu'est-ce qu'elle va nous chercher là ?, je vous entends crier d'ici. Laissez-moi pourtant m'expliquer et vous comprendrez pourquoi cette question est angoissante pour moi. Pendant les vacances, en Savoie, mes amies et moi avons fait une cure du fromage traditionnel de la région, le Beaufort. Nous l'avons mis dans nos pâtes, nos sandwichs, nos gratins (enfin, on n'en a fait qu'un) et on en a même mangé en fondue. Je trouvais ça toujours très bon, mais j'avais à chaque fois une petite inflammation dans la bouche, comme des petits aphtes, qui ne durait pas longtemps, mais qui était tout de même assez désagréable pour être remarquée. Le gruyère m'a toujours fait cet effet là, ainsi qu'à mes parents et à mon frère. Je me souviens que quand j'étais petite ma mère me disait que c'était normal, que tout le monde avait ça, que ce n'était pas grave. Mais quand j'ai expliqué ça à mes amies, elles m'ont regardé avec des yeux ronds : "qu'est-ce que tu racontes ? le gruyère ne nous a jamais fait ça et on n'en a jamais entendu parler ! ça vient de toi, tu dois être allergique ou quelque chose !" C'est peut-être bête, mais je me suis fait l'effet d'être un petit enfant qui apprenait brutalement que le Père-Noël n'existait pas alors qu'on lui avait toute sa vie raconté le contraire. Rendez-vous compte, lorsque vous avez cru toute votre vie en quelque chose et que tout d'un coup vous apprenez que ce n'était qu'une mystification ou un mensonge, vous avez le droit d'être troublé tout de même, même si ce n'est que pour du gruyère et que vous ne voulez pas en faire un fromage ! Voilà où j'en suis depuis quelques jours de mes interrogations fromagères. Si vous avez une réponse - scientifique ou pas - n'hésitez pas...

2]Autre question que j'ai à coeur : dans les gares, comment la voix pré-enregistrée qui annonce aux voyageurs les retards ou les arrivées de train, peut-elle dire avec exactitude l'information qu'elle doit donner ? Car la personne qui parle n'est pas là. Ce n'est qu'une voix de femme enregistrée. Mais y a-t-il une machine qui met ensemble ces portions de phrases pré-enregistrées ? Par exemple, le contrôleur ou la personne spécialement chargée de ça dans la gare appuie sur des boutons pour mettre ensemble les différentes informations ? Dans la phrase suivante : le train / n° 1458 / à destination de X / et en provenance de Y / est annoncé avec un retard de / 8 min, il faudrait donc appuyer sur 6 touches différentes ? Mais alors combien de touches pourrait-il y avoir sur cette machine ? Après tout le train peut avoir 5 min, 11 min, ou encore 26 min de retard. Alors quoi ? Y a-t-il un agent SNCF parmi vous qui saurait comment ça marche ? Imaginez vous que je me pose cette question à chaque fois que je prends le train (c'est-à-dire très souvent) et que j'entends cette fameuse voix dans le haut parleur.

3] Je serai plus courte avec les questions suivantes, dont celle-ci : pourquoi dans les feuilletons américains du genre "soap", les personnages parlent-ils toujours de "sauver leur mariage" ? Un mariage n'est pas à "sauver". Pourquoi le personnifier comme une personne qui lancerait un S.O.S. ? Un couple s'entend ou ne s'aime plus : un amour ne se sauve pas, il se vit, c'est tout. Est-ce les américains qui conçoivent ainsi les relations de couple, ou bien est-ce simplement une pensée de scénaristes à cours d'idées (les pauvres doivent fournir un rythme d'écriture qui dépasse largement leur imagination) ? Est-ce qu'il est jamais arrivé de dire à votre épouse/époux : chéri, sauvons notre mariage ! ? O.K., je n'ai qu'à pas regarder Amour, gloire et beauté avant d'aller bosser le matin, comme ça je ne me poserai plus des questions aussi superficielles...

4] J'ai toujours cette question que je me posais il y a fort longtemps qui me laisse toujours aussi songeuse : où vont les fichiers que l'on supprime de l'ordinateur quand on appuie sur la touche SUPPR ? J'ai du mal à concevoir l'existence ou la non-existence réelle de ce qui n'a justement pas de présence tactile ou sensible (on ne peut pas toucher un fichier informatiques). Qu'est-ce qui fait que le fichier se désagrège et pourtant peut-être récupéré malgré tout si on passe par la corbeille ? Bon, O.K., là, ce serait toute ma culture informatique qui serait à (re)faire, mais enfin, ça m'a toujours étonné...

5] Enfin, tant que j'y suis avec les questions bêtes, je peux profiter de ce moment pour poser aux scientifiques cette question là, bien qu'on ait dû déjà m'expliquer le principe du phénomène une bonne dizaine de fois (mais en vain, apparemment) : pourquoi l'eau chaude bout-elle moins vite en altitude qu'en plaine ? Je sais que c'est une histoire de pression atmosphérique, que ça marche comme le baromètre, et tout ça, mais j'oublie toujours comment on explique ça. Pourtant je me le demande à chaque fois quand je suis en randonnée, qu'il fait froid et que ma soupe met des heures à chauffer sur le petit réchaud.

Bon, je crois que je me suis assez ridiculisée comme ça avec mes questions évidentes. Mais il faut bien devenir moins bête, après tout. Alors si vous avez les réponses, n'hésitez pas à m'écrire (surtout pour le Beaufort, car je veux savoir si je suis normale, après tout !).

pourquoi la neige ne fond-elle pas en montagne ?




Il y a un an.
Il y a deux ans.