Le grand dossier
vert




pour m'écrire










































































hier demain
Vendredi 15 mars 2002

Ce matin, j'ai sorti mon grand dossier vert. Mon dossier "Journaux on-line", rangé habituellement dans l'étagère de la chambre. Je ne sais pas pourquoi j'ai ressorti tous ces papiers. Probablement parce que l'effervescence autour de la préparation du nouveau magazine "Claviers intimes" a ré-ouvert ma réflexion sur le diarisme et le journal intime on line. En feuilletant tous les papiers contenus dans cette grande pochette verte cartonnée, je me suis dit que j'avais là une belle richesse. Ce grand dossier vert ressemble à une grosse pochette regroupant toutes les preuves à conviction réunies par un avocat devant défendre son client. Il n'y a pas eu meurtre, et pourtant il y a là toutes mes preuves à conviction. Ce sont ces papiers que je sortirai lorsque mes proches auront découvert l'existence de ce journal et me taxeront certainement, dans un premier temps du moins, d'"exhibitionnisme", sans comprendre le sens de ma démarche. Toute cette entreprise diaristique dans laquelle je me suis lancée depuis tant de temps maintenant est si importante pour moi qu'il y aura bien un jour où j'oserai tout révéler aux gens qui m'entourent et que j'aime, et à qui pourtant je mens par omission puisqu'ils ne savent rien de tout ce monde qui est désormais le mien.

Les preuves à conviction de ma pochette verte sont très variées :
- Il y a des preuves anonymes d'abord : c'est le cas en particulier des articles de journaux que j'ai regroupés depuis plusieurs mois. La plupart de ces articles de journalistes sont des pages imprimées à partir du Net. Mais il y a aussi ces deux pages dans le Télérama du 27 janvier 1999, qui, pour la première fois, m'ont fait découvrir le diarisme on line et qui ont été le point de départ de toute cette aventure. Certes, un grand nombre de ces articles sont mauvais, mal honnêtes et surtout rédigés à l'emporte pièce. Mais enfin, il y a là quand même des ébauches de réflexion sur ce mode d'écriture si étrange.
- Ces réflexions sont aussi concentrées dans les premiers numéros du défunt J-Mag que j'avais à l'époque imprimées, et aussi dans certains textes de Philippe Lejeune.
- Il y a aussi deux ou trois papiers que j'avais essayé d'écrire sur la théorie du journal intime.
- Autre pièce à conviction, différente celle-là, c'est une tentative d'impression des pages de mon journal. Jugeant la lecture sur écran tout de même assez pénible, j'avais copié sur Word toutes les premières pages écrites. Ca m'avait pris un temps fou. D'autant plus que j'avais mis en forme le texte et l'avait réduit en Times New Roman police 10 pour ne pas que cela prenne trop de place. Mais arrivée à la mi-septembre 1999, cela faisait déjà 50 pages, et, lassée, j'avais arrêté là.
- Enfin, la dernière pièce à conviction est certainement la plus belle. Il s'agit des messages de lecteurs. Pas tous les messages (mon dossier déborderait sinon), mais le premier mail que je reçois d'un nouveau lecteur qui m'écrit. Que la conversation se poursuive ou pas ensuite, peu importe, je sors toujours sur papier ce premier message qui est toujours spontané et toujours surprenant, ou du moins inattendu. Certains font trois lignes. D'autres, plus rares, deux pages. Certains reviennent sur un point précis abordé par moi dans mon journal. D'autres me font des compliments. D'autres encore me posent des questions ou bien me font des critiques (jamais méchantes) sur ce que j'écris, ou même parfois sur la façon dont je mène ma vie. Certains aussi me racontent un peu leur vie. Il y a dans beaucoup de ces e-mails aussi des encouragements et des sourires. C'est là un trésor inépuisable. Si un jour ma famille ou mes amis découvrent ce journal et me disent "tu es folle d'écrire ta vie en public !", je leur donnerai à lire tous ces messages. Tous, les très brefs comme les longs, les coups-de-vent comme les approfondis... Je doute qu'ils ne soient pas, après avoir parcouru tous ces mots, eux aussi émus. N'est-ce donc pas une force, une richesse incomparable de recevoir en retour autant, sinon plus parfois, que ce que l'on donne dans l'écriture ? N'est-ce pas là tout ce qui donne son sens à toute l'entreprise diaristique ? Oui, j'y tiens énormément à mon grand dossier vert...

Le grand dossier vert


Pour finir, je voudrais vous faire lire du vieux, du très vieux... J'ai retrouvé dans mon dossier quelques pages d'un début de journal intime appelé "Narcissismes - cahier d'écritures". C'est une tentative que j'avais faite, après la découverte des journaux on line, pour tenir moi-même un tel journal. Je voulais le faire dans un premier temps juste pour moi-même, pour voir si j'étais capable de me lancer avec régularité dans cette entreprise. J'ai relu aujourd'hui quelques unes de ces pages, dont la première que je trouve d'une certaine lucidité, même si je ne suis plus d'accord avec bien des points. Elle date du 1er mars 1999. J'étais alors étudiante à Paris. Je l'ai recopié ici (c'est un peu long). Je finis en disant "on verra dans un mois si j'ai tenu mon pari"... Presque deux mois plus tard, je commençais un journal que je mettais en ligne. Près de trois ans plus tard, je suis... encore là !


Il y a un an.
Il y a deux ans.