Par ici la visite,
Messieurs-Dames




pour m'écrire
























































































































hier demain
Samedi 16 mars 2002

Mon bureau.

ça, c'est chez moi

Mon bureau, c'est ma maison. C'est là où je vis, où je passe le plus de temps (avec mon lit), là où je me sens le mieux aussi (avec mon lit encore une fois). Mon bureau, c'est mon lieu d'attaque, là où je tiens le siège des mots, là je me lance dans l'aventure aussi. Mon bureau, c'est tous mes souvenirs, toutes mes histoires, tous mes rêves aussi. J'ai souvent l'impression que c'est autour de lui que ma vie s'organise. Certains, qui croiraient que la vie ne se mène pas assis, pourraient croire par conséquent que je n'ai pas de vie. Bien au contraire, mon bureau c'est ma plus belle entrée vers le monde extérieur. J'en ai tant appris sur moi-même et sur les autres assise à ce bureau. Laissez-moi donc vous le faire visiter...

D'abord, vous pouvez constater qu'il est très petit. Non, ce n'est pas qu'il soit trop chargé, c'est qu'il est petit. G. me demande toujours comment je fais pour écrire sur ce bureau : entre l'ordinateur et les bouquins entassés, il n'y a presque plus de surface libre. En fait, je ne lui dis pas que depuis que j'ai un ordinateur je n'écris presque plus à la main et, pire, lorsque j'ai tout de même à prendre un stylo, je m'allonge par terre sur la moquette et utilise le sol comme point d'appui (j'ai toujours porté un regard très suspicieux sur les chaises et les fauteuils). Mais je dois faire avec cette petitesse : ce n'est pas grand chez moi. Donc sur ce bureau trône l'ordinateur. La place qu'il prend est à peu près proportionnelle à l'importance que je lui donne (sans lui, j'aurais bien du mal à vivre). A sa gauche, sur l'extrême bord, on peut distinguer un dictionnaire - Larousse Classique de 1957. J'ai honte d'avoir un dictionnaire aussi vieux, d'autant plus que je le consulte presque tous les jours. Il a appartenu à ma mère, puis est tombé dans les mains de mon frère (comme le prouvent les pages de garde, remplies du même prénom, inscrit dans une écriture enfantine), avant de m'être imparti. Entre temps, il a du faire un long séjour dans un lieu fermé où il a été oublié car il sent fortement le moisi et le vieux papier. Il faut que je m'en achète un nouveau, mais à chaque fois je remets ça à plus tard. Peut-être qu'en fait j'y suis extrêmement attaché à mon vieux dico. Il y a pleins de mots qu'il ne connaît pas (Internet bien sûr, mais aussi informatique et ordinateur, ou encore Sida, CD Rom, vidéo, magnétoscope...) et il n'est plus vraiment au courant des bouleversements historiques et politiques (la 5ème République était proclamée depuis à peine un an quand il a été édité, et il n'y avait même pas encore de Mur à Berlin !). Mais il donne les étymologies des mots et aussi leurs synonymes, et puis il fait un joli bruit en tournant les pages - pages entre lesquelles je ne cesse de trouver des fleurs séchées, récoltées au fur et à mesure de promenades à la campagnes.

Donc, disais-je, mon dictionnaire est à gauche, sous un verre vide. Il y a toujours un verre ou une tasse qui traîne sur mon bureau, ainsi que, souvent, un paquet de gâteaux... c'est pour répondre aux nourritures terrestres, et ne pas uniquement rechercher des nourritures spirituelles. Tout à droite, il y a des dossiers et des livres, la plupart du temps ce dont je suis en train de me servir en cours ou ce que j'ai consulté récemment. J'essaie de ranger régulièrement, car rapidement la pile a tendance à grandir, et j'ai vite fait de donner malencontreusement un coup de coude qui fait tout tomber par terre.

Au fond, contre le mur, il y a les livres que je suis en train d'étudier ou bien que je projette de lire dans un avenir plus ou moins immédiat (mais certains sont là depuis six mois, et commencent à se recouvrir de poussière). Il y a aussi mon bon vieux réveil, qui me sert à chaque fois que la pile de ma montre est morte. Là, il est un peu caché par mon ami Le Mouton, compagnon de mon travail et de mes bêtises aussi.

mon porte crayons
A gauche de la lampe, il y a une tasse, convertie en porte crayons. C'est de la porcelaine de Quimper, achetée lors de vacances en Bretagne. Au fond, il y a marqué à la main "Henriot, Quimper, France", ainsi qu'un numéro. On y voit qui dépasse mon stylo "perroquet". C'est avec celui-ci que je fais mes comptes (et jamais avec un autre). Ne cherchez pas de cause rationnelle là dedans. A côté du porte crayon, on voit un petit mouton (encore un). C'est un tampon encreur, offert par S. à Noël dernier. Quand on appuie sur sa tête, ses yeux lui sortent du visage et il devient tout rouge (on s'amuse avec ce qu'on peut, einh). De l'autre côté, on peut voir deux livres de poésie de Francis Ponge : La Rage de l'expression et Le parti pris des choses. Je les avais sortis de ma bibliothèque, il y a quelque temps, pour les relire, et dans l'idée d'écrire moi aussi des "proêmes".

Enfin, sur le mur, il y a un grand panneau rempli de photos. Ce sont en général des photos de vacances. La mer, la montagne, les copines, Hannah, mes parents... tous les paysages et les visages se superposent les uns sur les autres, le dernier arrivé cachant celui qui est là depuis longtemps. Ci-contre, c'est une carte postale qu'on m'a envoyée, représentant la main de Colette écrivant, avec un de ses chats. La petite souris rose qui dit "Love", à côté, ça n'a rien à voir. C'est juste un aimant.
mes photos

Je n'ai pas fini ma description, mais si je continue je pourrais y mettre des heures. D'autant plus que ce bureau est à configuration variable. Cette photo a été prise hier, et déjà certains détails ne correspondent plus à ce qu'on voit ici, certains objets ayant changé de place.

Je ne sais pas si vous vous représentez mieux maintenant l'endroit d'où je vous écris. En tous les cas, j'ai une requête à vous faire... J'aimerais, moi, me représenter l'endroit d'où vous me lisez, savoir ce qu'il y a à l'autre bout de mon ordinateur et sur quoi tombent mes Regards solitaires lorsqu'ils s'ouvrent sur vous. Qu'il soit parfaitement ordonné ou tout en désordre, professionnel ou privé, domaine protégé ou bien partagé par toute la famille, grand ou petit... un bureau, n'est-ce pas un peu de celui qui s'assoit devant lui et qui se livre à lui ? Alors voilà ce que je vous propose : envoyez moi la photo de votre bureau ! Vous pouvez y ajouter un commentaire si vous voulez, mais ce n'est pas obligé. Si j'ai des réponses, je publierai sur une page spéciale toutes les photos que j'ai reçues. Vous pouvez mentionner votre nom ou pseudo, ou bien préférer rester anonyme. Peu m'importe. Ce que je voudrais, c'est avoir des photographies de ce qui permet les connexions virtuelles de tous les lecteurs et les diaristes. Bien sûr, je suis consciente que je m'adresse là à ceux qui ont le matériel adéquat (appareil photo numérique ou scanner), mais si vous n'avez pas d'appareil photo, pourquoi ne pas dessiner votre bureau alors ? Voilà donc ma requête... J'ai bien le droit, moi aussi, d'entrer dans la vie privée des autres, non ?

P.S. : Merci au lecteur qui a, sans le vouloir, inspiré cette chronique !