Savez-vous cuisiner les pois chiches ?
Non, non, ne partez pas ! La question est très sérieuse ! Elle est même d'une importance capitale... que dis-je, vitale !Bon, l'histoire est simple, mais je vous la raconte quand même depuis le début... L'autre soir, nous avons invité quelques amis à une "soirée libanaise". L'idée était en partie de moi : j'avais envie de prolonger l'atmosphère des vacances et surtout faire découvrir à nos amis ce beau pays que finalement, la plupart du temps les gens connaissent surtout de nom. Et puis ce n'est pas souvent qu'on organise des soirées à la maison, alors quand on le fait, autant que tout le monde s'en souvienne longtemps ensuite ! Bref, qui dit soirée libanaise dit bouffe libanaise. Vus mes talents de cuisinières (hum hum hum...), je ne me voyais pas faire tout toute seule. Alors, j'ai embauché quelques assistants. Nous étions quatre en cuisine : O. (souvent absent, en vérité : traverser Paris pour trouver des embouts pour le narguilé est un bon plan quand on ne veut pas se mettre aux fourneaux !), Kolock (venue à Paris exprès pour se mettre un tablier), la soeur d'O. (qui, seule vraie connaisseuse, nous a été d'une aide précieuse) et moi (le superviseur en chef, waouh, ça fait bien comme titre !). Bref, toute la fine équipe s'est mise en cuisine vers 15 heures... pour n'en sortir que vers 19 heures, une demi-heure avant l'arrivée des invités ! Je vous promets pourtant qu'on n'a pas chômé : on a coupé, haché, émincé, épluché, mélangé... et encore haché. Dans la cuisine libanaise, la plupart des ingrédients sont hachés en fins morceaux, ce qui demande, même pour le taboulé, qui est pourtant un plat très simple, énormément de travail. Le tout est compliqué lorsqu'on ne dispose pas d'outils très adéquats : le minuscule hachoir électrique donné par ma mère a rendu la confection du hommous assez épique et la vieille moulinette a transformé la cuisine en salle de musculation (il en faut de la force dans les bras !).
Mais ne soyons pas négatifs ! Tout le monde a eu l'air d'apprécier notre mezzé et personne ne s'est aperçu qu'il nous avait demandé tant d'efforts. Et puis, comme la plupart n'avait jamais mangé libanais, ce n'était pas difficile de les convaincre que si, si, c'est bien comme ça que ça se mange !
Quand les invités sont partis, il ne restait presque plus rien. Seulement une odeur forte de pomme échappée des fumées du narguilé. Et un énorme plat de pois chiches. Comme vous devez savoir, les pois chiches demandent à être préparés à l'avance : il faut les tremper dans l'eau toute une nuit, puis les cuire pendant une heure, avant de pouvoir espérer les cuisiner. Quand le matin, O. m'a dit, en mettant les pois chiches dans la casserole pleine d'eau : Je mets tout le paquet ? Je n'ai pas vraiment pensé qu'1 kg, ça ferait peut-être trop, simplement pour confectionner du hoummous et des falafels. Je me suis dit qu'on en aurait beaucoup peut-être, mais qu'on écoulerait facilement ce qui resterait. ERREUR ! Un kilo de pois chiches, ça représente de la nourriture pour un demi régiment ! Comment ai-je pu être aussi naïve de croire que ça partirait en un ou deux repas ? Honte à moi ! Mais je suis bien punie : voilà une semaine que je mange des pois chiches midi ET soir (oh quelle chance de déjeuner à la maison le midi !). En sauce, sans sauce, en salade, en purée, nature... je commence à être à cours d'inspiration. Et O. et moi avons du mal à supporter encore la vision d'un pois chiche. On a bien essayé de les cacher dans une grosse salade sous des carottes et des feuilles de laitue, mais rien n'y fait : ils sont toujours là et on les sent toujours sous la langue !
Voilà, chers lecteurs, l'objet de mon désespoir. Que faire des 500 ou 600 grammes de pois chiches restant ? Qui d'entre vous aurait une idée pour sauver nos estomacs ?