Je suis paresseuse. Hyper paresseuse. Régulièrement, je me fais des listes avec tout ce que je veux faire. Oui, ce que je veux vraiment faire - et non pas ce que je dois faire. Car bien sûr, je suis paresseuse quand il s'agit de faire le ménage ou de mettre en route une machine à laver. Mais ça, ça ne compte pas vraiment. Personne n'aime faire ces choses-là et c'est normal d'y aller à reculons. Non, ce qui m'enrage bien plus c'est que je suis paresseuse quand il s'agit de faire les choses dont j'ai envie - les choses que je considère comme du plaisir et de l'épanouissement. Je déteste cette paresse. Plus : je me déteste quand je suis prisonnière de cette paresse.Le soir, quand je rentre à la maison, s'il n'est pas trop tard, je me prépare un petit goûter devant la télévision. Une tasse de thé, un paquet de gâteaux au chocolat, du zapping sur les dizaines de chaînes de la télé et une caresse à mon chat - un petit moment pour rien, juste pour me reposer, juste pour penser à autre chose. Puis, passé 19 heures, je m'affaire dans la cuisine. Je prépare vaguement le repas ("vaguement", car la cuisine et moi, ça fait deux). Ou bien je vais traîner devant mon ordinateur. Je lis quelques blogs, saute d'un site à l'autre, l'esprit un peu ailleurs. Puis O. rentre à la maison. On dîne devant la télévision... depuis que la cuisine est en travaux, on a pris de mauvaises habitudes. Et comme la télévision est allumée, je n'ai plus le réflexe de l'éteindre. C'est affreux, mais je suis là, calée sur les coussins jaunes, le dos contre le canapé, et je n'ai pas le courage de me lever pour aller éteindre la télévision. Je zappe d'une chaîne à l'autre, cherchant en vain un programme intéressant... sur lequel je n'arrive pas à fixer mon attention. Comme avec la TNT, on a des chaînes à la pelle, je passe parfois des dizaines de minutes à appuyer sur la télécommande, sans rien trouver qui parvient à retenir mon intérêt plus de dix minutes d'affilée. Je pense alors à tout ce que je voudrais faire - écrire des histoires, répondre à mes mails, créer un nouveau site internet, apprendre mon cours d'arabe, avancer dans mes piles de livres à lire, donner vie à ces mille projets qui croupissent dans un coin de ma tête. Mais plus le temps passe, et plus mon esprit semble se ramollir. J'ai l'impression de n'avoir plus aucune énergie. 22 heures. 23 heures. O. a quitté le séjour et le poste de télévision depuis longtemps. Il est dans la cuisine en train de bricoler, ou bien dans le bureau et révise son anglais. Et moi je reste devant la télé, avachie dans ma paresse, collée devant des images auxquelles je ne trouve aucun intérêt. 23 heures 30 : je retrouve un semblant d'énergie pour me traîner à la salle de bain et me brosser les dents avant d'aller dormir. Je lis deux ou trois lignes du roman en cours. Mais déjà mes yeux se ferment. Il est trop tard. La journée est finie.
La journée est finie et je hais la façon dont je l'ai finie. Je m'endors avec une vague impression de gâchis et un vrai sentiment de honte. Certains jettent l'argent par les fenêtres. Moi, c'est le temps que je jette par les fenêtres. Et de ça, je n'en suis vraiment pas fière.
Il y a un an. Il y a deux ans. Il y a trois ans. Il y a quatre ans. Il y a cinq ans. Il y a six ans. Il y a sept ans. |