Mercredi 11 octobre 2006

Vieux couple
Je n'ai pas trop envie d'écrire en ce moment. A la vérité, je n'ai pas envie du tout. Ou plutôt, non, c'est autre chose. L'envie est tout de même là - là, quelque part, cachée au fond de moi. De toute façon, l'envie est toujours là - elle ne me quitte quasiment jamais. Non, c'est autre chose... C'est que j'ai l'impression de n'avoir rien à dire. Rien à dire d'intéressant. Est-ce ma vie qui est plate ou bien moi qui ne suis plus capable de m'intéresser à ses aspérités ? Les jours passent, semaine après semaine. Et pendant ce temps, je reste dans mon silence. Dans ma solitude peut-être aussi.

Voilà plus de sept ans que ça dure entre ce site et moi. Cela ne va tout de même pas finir comme ça, n'est-ce pas ? Si je quittais ce journal, il mériterait une rupture brutale et passionnée... pas cette longue déliquescence, pas cette boudeuse indifférence. Au fond de moi, je sais bien que la rupture entre mon journal et moi n'est pas véritablement sur le point d'être consommée. Je ne suis pas encore prête à l'abandonner. J'ai encore trop besoin de lui. Mais... Mais en attendant, depuis quelques temps déjà, ce journal m'ennuie. Comme si je l'avais trop vu. Au point de ne plus pouvoir le voir en peinture aujourd'hui. Lassitude d'un couple qui partage depuis trop longtemps le même toit ? Peut-être... Après tout, ne dit-on pas que les 7 ans sont le passage critique dans toute vie à deux ?

Oui, ce journal m'ennuie profondément. Il ne me surprend plus. Il ne m'amuse plus. En lui écrivant, je n'ai plus cette excitation des premiers mois. Lorsque je pense à lui je n'ai plus non plus cette effervescence créative des débuts. Lui écrire n'est-il pas devenu une routine ? Ou bien est-ce en réalité ma vie qui est devenu routinière ?

Voilà plus de huit ans que je lis la vie des gens sur Internet. Avant, il n'y avait que quelques initiés égarés pour connaître l'existence de ce qu'on qualifiait de "journaux intimes en ligne". Aujourd'hui, les blogs sont devenus un "phénomène de société". Les journalistes en parlent dans un nombre incalculable de reportages et annoncent, comme si cela allait de soi, que tel homme politique ou telle personnalité tient son blog. Ecrire sa vie n'est plus subversif : c'est banal. Je continue de lire la vie des gens, jour après jour, année après année. Au fil des pages, j'ai lu des tas de rencontres, de naissances et de ruptures. J'ai accompagné en silence la vie de personne qui, tout à coup, pour certaines, ont disparu. J'ai vu le quotidien de ces inconnus-amis tels qu'ils se donnaient à apercevoir de l'autre côté de leur écran.

J'ai lu toutes ces vies en continuant d'écrire la mienne. Et aujourd'hui, plus encore qu'hier, je me pose cette question : ai-je encore quelque chose à dire ? Y a-t-il encore un sens à continuer à écrire ?

Voilà sept ans que j'écris dans le silence presque total. Peut-être est-ce cette solitude qui m'obsède. Peut-être est-ce aujourd'hui la forme même de ce journal qui a perdu son sens. Peut-être est-il temps de rompre une bonne fois pour toutes et de passer à autre chose... Mon journal et moi, nous ne formons plus qu'un vieux couple complètement has been.

Les feuilles mortes



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