Mardi 17 août 2010

La brèche

Au pied du refuge de la Brèche de Roland, à près de 2500 mètres d'altitude, je pose mes bâtons de marche et je secoue la tête. Non, désolée, moi je ne continue pas. Dans mon coeur, ma peur bat deux fois plus vite. C'est beau là haut, au pied du trou dans la montagne, oui je le sais. Mais entre le refuge et le sommet, il y a la montée dans la neige, les risques de chute, l'altitude qui peut-être coupera le souffle. Alors non, je m'arrête ici. Dans mon ventre, il y a le petit et pour la première fois, je n'ai pas peur pour moi, mais j'ai peur pour lui. Sur le chemin tout à l'heure, j'ai monté doucement, un pied après l'autre, sur les pierrets. Je répétais, L'oxygène, l'air pur, c'est pour toi. Mais dans les névés et le débit de la cascade, je tremblais, Non ne pas tomber. Si je tombe, c'est toi qui tombe, je me disais en accélérant le battement de mon coeur. Alors, arrivée au refuge, j'ai laissé les autres continuer le chemin. O. a dit, Je reste avec elle. Les compagnons de route se sont exclamés, C'est beau l'amour. O. m'a prêté sa grosse polaire et nous avons enlevé nos chaussures de randonnée pour entrer dans le chalet. Devant une soupe chaude dans laquelle flottaient des carottes, je me suis dit, C'est donc ça, devenir parent, avoir peur pour deux ? Mais en remuant mon potage, je me suis dit aussi que ce n'était pas la même peur que celle que je connais si bien. Là, c'est une peur qui est aussi une force. Une peur qui rend responsable et prudent. Peut-être même une peur qui rend adulte (si on le devient un jour).

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