L'évasion
6 jours d'hospitalisation
4 prises de sang
2 prélèvements urinaires (avec poche en plastique collée aux fesses)
1 fibroscopie
1 échographie des reins
7 ou 8 dextros avec goutte de sang grattée au talon du pied pour contrôler la glycémie
des prises de température, de tension et de fréquence cardiaque toutes les 4 à 5 heures
des électrodes branchées presque en permanence au torse et reliées à un écran... et en face un petit bébé d'à peine un mois.
Hier, on a dit Stop. Stop, on n'en peut plus ! On veut retrouver notre chez nous, reprendre une vie normale, sans plus avoir à supporter les pleurs en stéréo des autres bébés dans les couloirs. Stop, on veut retrouver notre Sardine sans tous ces fils accrochés à son ventre. Stop, on veut récupérer l'équilibre mental de notre petite famille.
Alors, O. a dit, Je veux parler au chef de service. O. a un peu haussé la voix, face au médecin en blouse blanche. Finalement, celui-ci a fini par nous entendre. Il nous a tendu un papier intitulé "Sortie contre avis médical, à la seule responsabilité des parents", sur lequel étaient listés les risques encourus par notre décision. On a signé, la main un peu tremblante, et on est parti comme des voleurs avec notre bébé dans les bras.
Depuis le retour à la maison, je revis. Ces six jours à l'hôpital étaient comme un enfermement en prison. J'étais détenue sans avoir pourtant commis de faute, condamnée à voir ma fille prise d'assaut par une médicalisation sans fin. Aujourd'hui, le mal semble cerné – une inflammation de l'estomac – et les traitements sont en cours. Des prélèvements des causes probables du mal sont partis au laboratoire et il n'y a plus qu'à attendre. Lundi, il faudra revenir à l'hôpital paquebot. Si la Sardine a repris du poids, nous serons libres. Sinon, de nouveau hospitalisation. Damoclès et son épée planent au dessus de ma tête. Mais au moins je peux enfin sortir la tête de ce naufrage.
Il y a un an.
Il y a deux ans. Il y a trois ans. Il y a quatre ans. Il y a cinq ans. Il y a six ans. Il y a sept ans. Il y a huit ans. Il y a neuf ans. Il y a dix ans. Il y a onze ans. |