Vendredi 29 juillet 2011

Courageux

On nous dit, Vous êtes courageux de voyager comme ça, avec un bébé aussi jeune. Et moi, en équilibre entre culpabilité et lucidité, j'entends, Vous êtes inconscients de perturber ainsi un enfant en cassant ses habitudes. La nuit tombe sur le lac. J'ai fait trois fois le tour du camping avec mon bébé hurleur sans réussir à le calmer. Enfin, après une heure de pleurs, la Sardine s'apaise. Devant le clapotis de l'eau, la tête lovée contre ma poitrine, bien à l'abri dans le porte-bébé. Le corps lourd de fatigue, j'ose enfin m'asseoir sans craindre un réveil du bébé hurleur. Les mauvaises sirènes sifflent à mes oreilles. Je me dis, Peut-être que je n'aurais pas dû partir si loin, peut-être que mon désir de vacances est égoïste, peut-être que le Canada aurait pu attendre, peut-être que nous aurions dû aller comme tout le monde à La Baule ou à Palavas-les-flots. Et puis la Sardine ouvre un œil. Je la détache du porte-bébé et la pose sur mes genoux. Elle rigole, tend ses mains vers mon visage et m'attrape le nez. La crise est terminée. Mon bébé est bien et a retrouvé sa joie de vivre. Alors, je retrouve raison. Si nous étions partis en vacances à Palavas-les-Flots, mon bébé aurait dû également se confronter à un autre rythme, à un autre lit, à une lourde chaleur. Qu'est-ce que cela change que les vacances soient à 5 000 km et non pas à 500 ? N'aurait-il pas fallu plutôt rester à la maison pour ne pas perturber l'enfant ? Mais je ne peux croire que la maternité soit un sacrifice. Non, vraiment pas.

Je fais défiler les photos sur l'appareil photo. Il y a la Sardine dans le métro de Montréal, la Sardine dans les bras de sa tata, la Sardine souriant à sa cousine, la Sardine observant le sourire de Sylvia, la Sardine posant devant une réplique d'orignal... Non, vraiment, non, ce n'est pas du courage d'avoir fait ce voyage au Québec. C'est un cadeau. Un cadeau que je garde jalousement au creux de mes souvenirs et que je n'échangerais contre rien.

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