Résultats.



pour m'écrire

























hier demain
Vendredi 10 novembre 2000

J'ai promis de vous donner le compte rendu du Sondage Exclusif de l'autre jour. J'aurais pu vous la jouer élections présidentielles américaines et vous dire "attendez, je n'ai pas dépouillé toutes vos réponses... revenez à la saint-glinglin", mais non, moi, je ne suis pas comme ça, voyons.

Cette petite enquête a donc été très instructive. Alors, procédons par ordre...

  • Vous êtes, à une petite majorité, des hommes.
Je ne sais ce qu'il faut en conclure. Je ne sais même s'il faut en conclure quoi que ce soit. Des esprits un peu vicieux (il faut l'avouer) disent que les lecteurs mâles préfèrent lire les diaristes femelles. Ce serait une loi de la nature, ou plutôt la loi de l'attirance libidinale pour le sexe opposé adapté au diarisme.

Mais cette thèse me fait un peu peur. Cela voudrait dire qu'il y a nécessairement des rapports de séduction inscrits dans la relation entre le lecteur et l'auteur - c'est-à-dire, en d'autres termes, que le lecteur (même inconsciemment) rechercherait autre chose sous les mots, et que le diariste se livrerait dans l'espace de son journal à un jeu de séduction. Si on ne peut nier qu'il y a un rapport de séduction implicite dans l'écriture diariste (et peut-être dans toute écriture créative), si elle n'était que sexuelle, alors l'accusation tant récriée d'exhibitionnisme serait profondément vraie (ce que je refuse à croire).

En tout cas, je constate que 20 % de mes lecteurs sont de "beaux hommes séduisants". Je suis toute émoustillée ! Mais le problème, c'est que ce sont eux qui se disent être ainsi... le sont-ils véritablement ? Ou bien 20 % de mes lecteurs seraient arrogants et beaux-parleurs ? Je n'ai pas moyen de vérifier. Dans le doute, je préfère croire ce qui me plaît, alors on dira qu'il est bien vrai que Tom Cruise et Georges Cloney sont en ce moment même en train de me lire, d'accord ?



  • Vous avez à peu près mon âge, voire plus (voire bien plus).
40 % se trouvent dans ma tranche d'âge. Mais 60 % ont dix ans et plus que moi. Est-ce que cela veut dire qu'une majorité d'êtres adultes et responsables me lit ? Mince, je ne vais pas pouvoir continuer à dire n'importe quoi alors, sous peine de passer pour une petite gamine écervelée !


  • Vous me regardez depuis l'autre côté de l'océan.
La moitié d'entre vous habite au Québec. 30 % seulement sont Français. Cela reflète plus la réalité du retard français vis-à-vis d'Internet qu'un intérêt accru du côté canadien pour la petite Française que je suis, donc je ne ferai pas plus de commentaires sur ce point.


  • J'ignore toujours ce que vous pouvez bien faire comme métier.
Bon, sur cette question je ne suis pas bien fière de moi et je ne peux conclure que d'une chose : c'est que j'ai quelques progrès à faire dans l'art de composer des sondages et, plus ouvertement, en sociologie.


Les choix que j'ai proposés étaient beaucoup trop restreints, alors ils ne m'ont rien appris, sinon que vous n'êtes pas ouvriers et que nous faites un "métier qui ne rentre dans aucune catégorie". Etes-vous patineurs sur glace médaillés d'or aux derniers Jeux Olympiques ? journalistes au Monde ? caissiers à Monoprix ? grands écrivains ? Aucune idée. Ca m'apprendra à mal poser les questions.


  • Vous avez des loisirs variés, et vous êtes tous de gros coquins.
Là, je suis plutôt fière de vous. Vous vous adonnez à des occupations culturelles tout à fait louables : un quart d'entre vous aime lire, et 0 % ne s'abrutit devant la télévision. Je suis contente de voir que vous ne correspondez pas à la moyenne nationale des Français qui, eux, se pervertissent devant les écrans télévisuels.


Un tiers de votre temps libre est consacré à des "choses inavouables". Ce point me laisse dubitative, et un peu rêveuse. Quelles sont donc ces "choses inavouables" ? Vous éveillez là ma curiosité. Est-ce ce à quoi je pense (et ce à quoi tout le monde pense, d'ailleurs) ? Par contre, là où je trouve que vous abusez, c'est que seulement 8 % d'entre vous font du sport. Vous ne seriez pas un peu paresseux ?


  • Vous êtes des lecteurs fidèles.
56 % d'entre vous me lisent régulièrement (2 à 3 fois par semaine). Mais le plus beau de tout, ce qui me ferait presque rougir, c'est que 44 % disent venir ici "tout le temps", car ils sont "amoureux" de moi ! Les mots me manquent. Je suis si émue. Tant de preuves d'amour. Comme ce lecteur qui m'avoue que les jours sans [me] lire sont des jours sans lumière" ou encore cet autre qui me trouve "intéressante et merveilleuse". Arrêtez, je vais prendre la grosse tête !!

Cette question rejoint la suivante qui est ma préférée. En effet, 45 % d'entre vous avouent que pour eux je suis "sublime, merveilleuse, magnifique, extra-ordinaire".


Vous voyez bien que j'ai là les chevilles qui enflent, car je devrais retenir plutôt que 22 % de mes lecteurs voient en moi un "extraterrestre asexué" et que le tiers restant juge décidément que j'ai encore des "progrès à faire". Tiens, à ce propos, je suis prête à écouter tous vos conseils.

Peut-être pensez-vous que c'est dans ce que j'écris que je dois faire des progrès. 56 % d'entre vous, en effet, aimeraient "plus connaître ma vie". Je reconnais que je suis un peu discrète sur ma vie - surtout sur ma vie sociale et intime. Mais, même dans un journal dit "intime", il y a des pudeurs dans lesquelles on préfère se réfugier.
Quant aux 44 % qui voudraient que je nourrisse plus mon chat... je dis non ! J'essaie en vain de faire faire un régime à Hannah, alors, par pitié, ne lui donnez pas des croquettes en douce, dernier mon dos !

Enfin, 100 % d'entre vous ont trouvé mon sondage "rigolo". Je suis heureuse d'avoir fait preuve pour une fois d'un talent comique.

Je vous remercie d'avoir participé à mon enquête. Je ne m'étais jamais livrée à ce genre d'exercice auparavant. Cela m'a permis d'apprendre pleins de choses : composer des formulaires, manipuler Excel, synthétiser des informations comme un vrai petit sociologue. Mais surtout, j'ai compris une chose : un sondage sera forcément tout... sauf scientifique. Il ne faut pas se laisser impressionner par des chiffres et des courbes. D'abord, je n'ai pas reçu suffisamment de réponses pour faire une constante : si trois lecteurs en viennent à me répondre demain, cela risque de changer toutes les données, ou du moins de les infléchir. Ensuite, la façon dont j'ai posé les questions peuvent vous faire dire des choses que vous ne pensez pas. Je me gargarise de mon plébiscite où 45 % de lecteurs me trouvent "sublime", mais c'est moi qui vous est incités à répondre ainsi, en restreignant mes propositions et en leur donnant une certaine coloration. Donc, c'est décidé : je ne croirai plus aux sondages. D'ailleurs, depuis que je sais que les Français ont élu en personnalité la plus remarquable un joueur de football, j'ai abandonné toute crédulité à ce propos.

Et vous, vous y croyez, aux sondages ?


Bon, c'était ma page sociologique. Je ne suis pas sûre que vous m'y reprendrez deux fois. Voilà plus de trois heures que je suis là dessus. C'est épuisant, les chiffres. Je préfère encore mille fois les mots.