6 février 2000

Bonsoir Fred,

C'était le jour de vérité entre Roméo et moi aujourd'hui. Moment à la fois attendu et redouté du face à face. Un autre yeux dans les yeux, cette fois-ci bien réel. Du bleu dans du marron et du marron dans du bleu. Nous avons discuté franchement, et, honnêtement, je ne pensais pas qu'il était si facile de parler aussi ouvertement à quelqu'un. D'autant plus pour lui dire qu'on avait bien aimé être avec lui, mais qu'on ne l'aimait pas comme on aime un vrai Roméo. Ce n'était pas douloureux. Ne m'ayant pas tout à fait faite à l'idée encore que quelque chose avait commencé entre lui et moi, c'était d'autant plus facile de se faire à l'idée que c'était déjà fini. Nous deux, si différents, nous deux, si contradictoires, nous étions d'accord. Je ne crois pas m'être jamais sentie aussi proche de Roméo qu'à cet instant où je rompais avec lui. Sentiment étrange d'un début, d'une fin, tous les deux indistincts. "Pas de remords, pas de regret", sommes-nous dit, rassurés tous les deux de trouver si facilement un si bel accord.

Sauf que l'accord était trop beau. Nous étions tellement sûrs d'être devenus de bons amis, prêts à tout se dire et à tout partager, que nous nous sommes dit que nous pouvions finir la journée comme le font les copains. Chez lui, sur un bon canapé devant une bonne vidéo. Erreur totale ! Ou comment rendre douloureuse et compliquée une situation qui était étonnamment simple. Ou comment se faire des regrets ou des remords, je ne sais plus.

Ce que je sais, c'est que ce n'est pas facile de dire non quand on a envie de dire oui. Et ce que nous savons tous les deux, sans nous l'être vraiment dit, c'est que nous ne sommes pas sûrs la prochaine fois d'arriver encore à nous dire non. Donc j'imagine qu'il n'y aura pas de prochaine fois, même si Roméo ne part que dans un mois, de peur que trop assurés de ne rien ressentir l'un pour l'autre nous ne nous mettions d'un coup à tomber amoureux.

Eva.

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