22 mars 2000

Tout à l'heure, le téléphone sonne. C'est ma bonne copine montagnarde... ma copine des marches vivifiantes dans les neiges des sommets, des discussions interminables devant les portes de la fac, des paresseuses après-midi perdues sur les canapés. A peine les formalités d'usage échangées que j'entends au bout du fil : "tu pars en vacances sur la côte avec nous dans trois semaines.". Oui, comme ça, de but en blanc ! Pas un interrogatif "tu fais quelque chose pendant les congés de Pâques ?". Ni non plus un invitatif : "ça te dirait une petite semaine au bord de la mer ?". Non, rien de tout cela, mais un véritable affirmatif : "tu viens avec nous". Comme un ultimatum, comme si je n'avais pas le choix, comme si c'était un ordre divin intransigeable. J'ai mis quelques quarts de secondes pour que l'information parvienne à mon cerveau, puis j'ai accepté... Non, en fait, je n'ai pas eu à dire oui, puisque tout avait été décidé avant que je sois au courant.

A vrai dire, j'ai adoré ça. Tout ça : ce voyage imprévisible qui déjà tout prévu me tombait dessus d'un seul coup, comme par magie, cette idée d'avoir tout prêt sans pourtant avoir rien préparé. Car il y a des moments où j'aime ne m'occuper de rien et me laisser délicieusement entraîner, sans prendre aucune responsabilité, aucune décision, aucune organisation. Me laisser gentiment mener par le bout du nez.

D'ailleurs, je l'imagine déjà mon petit nez mené par ma copine dictatoriale sous les soleils bleus de la Méditerranée : un petit nez dans le sable fin, pas loin de dix petits doigts de pieds jouant à l'éventail et de dix autres petits doigts de mains faisant la course avec les vagues.

Eva.

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