1er juin 2000

Peut-être que certains ont pu penser que j'exagérais, l'autre jour, lorsque je disais combien une certaine partie de l'opinion publique déversait sur les profs une véritable haine. Pour ceux qui douteraient, je recopie ici un message lu sur le forum du quotidien Libération, consacré au "malaise des profs". Je vous préviens, c'est à vomir...

Sujet : La défense d'une corpo au lieu de la défense de l'éducation.
Je suis toujours surpris moi qui vit à l'étranger, dans une société privée, c'est à dire dans le monde réel, de voir comment les enseignants se plaignent de leurs conditions.
Récapitulons: 4 mois de vacances, incluant les grèves corporatistes rémunérées ainsi que le "droit" de tomber malade quelquefois, histoire de bien optimiser la rentabilité, déjà bien basse d'une profession qui se plaint de ne pas être reconnue socialement.
Les salaires sont finalement, toutes primes inclues, après 15 ans de métier, plus les nombreux avantages en nature autour de 25 kf/an. Well not bad! Pour une moyenne de moins de 25 h REELLES par semaine.
Je suis toujours exaspéré, moi qui ait un niveau d'étude largement supérieur à celui des profs, de comparer les difficultés des personnes du secteur privé aux avantages corporatistes incroyablement coûteux pour les imposables, des enseignants fonctionnaires.
Vous avez choisi de travailler dans la fonction publique, et bien assumez messieurs les incompétents: je me réfère à mon expérience de collégien, durant laquelle, sur les centaines de profs que j'ai eu le plaisir de rencontrer, une si petite poignée était vraiment des bons. Allez, soyons large, j'évalue à 90% le taux d'incompétents.
Ne soyez donc pas si hypocrites, la lourdeur de votre administration est de notoriété publique, est aussi une volonté de votre corporation à perpétuer vos privilèges, au détriment de l'éducation des élèves. Le vrai dilemme des enseignants ?
Changer le système pour améliorer, enfin, l'éducation et donc annuler les privilèges acquis, ou bien rester avec le système actuel afin de conserver ces privilèges au détriment de la qualité de l'enseignement Le problème étant que ces lourdeurs se payent toujours. Elles se payent tellement qu'aujourd'hui vous êtes dans cette incontournable situation que vous avez créée de vos propres comportements.
Les parents d'élèves veulent voir l'éducation s'améliorer et devenir performante. Cela, vous devez d'autant vous y adapter que vous vous apercevez que ces parents d'élèves sont aussi des électeurs. Les hommes politiques en tout cas le savent eux !
Cette rancoeur est bien plus généralisée et d'autant plus amplifiée que le public en souffre de plus en plus directement. Cela aussi est de votre fait.
En fait, les profs ont peu de choix: Evoluer. Ils savent que le système doit changer: heureusement les parents d'élèves veillent au grain. Toutes ces discussions ne tournent pas autour de la qualité de l'enseignement, mais sont en fait basées sur la volonté de trouver des solutions qui vous permettront de conserver vos privilèges, quitte à appliquer des petits pansements sur les graves problèmes des élèves. Votre égoïsme vous a déjà perdu, vous avez vous-mêmes condamné l'éducation nationale. Les enseignants ont tué l'enseignement. Bravo !
Votre manque de respect des élèves et des valeurs républicaines défendues par nos pères, votre volonté égoïste de préserver vos "acquis" corporatistes sont la signature de la peine de mort que vous vous êtes infligé vous-mêmes.
Ne comptez pas que je m'apitoie sur votre sort.
Laurent du Japon

L'autre jour, à la cantine, je parlais de ça à un collègue. Il m'a dit que depuis plusieurs années, il arrêtait d'essayer de répondre à ces gens là : se justifier est une marque de faiblesse, m'a-t-il montré. C'est vrai. Celui qui justifie ses choix et ses gestes sans qu'on ne lui demande rien avoue qu'il n'a pas confiance en ce qu'il fait et qu'il est hésitant. Donc, non, pas de réponse à ce Monsieur...

Eva.

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