Ils sont partis |
Samedi 25 août 2001 Les mots sont partis avec l'été. Rien d'anormal : ils aiment toujours partir en vacances en même temps que moi - mais, détail important, jamais au même endroit que moi. Comme cela, je suis tranquille : je n'ai ni à m'écrire, ni à m'analyser, ni à me tortionner dans des phrases toujours trop vagues. J'ai la paix avec moi-même puisqu'il ne me reste qu'à me vivre sans me réfléchir. Me vivre sans image de moi-même qui me doublerait au coin d'une feuille de papier. Me vivre sans questionnement qui rattraperait tous les élans me portant à la limite de moi-même. Cependant d'habitude, les mots reviennent avec la fin de l'été ou le début de l'automne. Comme l'année dernière à la même époque, ou même l'année d'avant. Avec cette nécessité impérieuse. Frappant en moi avec tant de violence qu'ils semblent parvenir à me faire mal. Mais là, ils ne sont toujours pas revenus. Et ils ne semblent pas décidés à le faire. Est-ce une perte inaltérable ? Est-ce une disparition fatidique ? Peut-être au contraire est-ce un gain... J'ai si peur de m'enfermer de nouveau en moi-même, loin au fond de moi, derrière la barrière trop solide des paroles écrites. Je crains que le retour des mots ne marque le recul de moi-même dans le silence de la vie, perdue dans le flot régulier des habitudes et l'avancée immobile de la monotonie. Les pages écrites l'an dernier sont si liées à la solitude que j'ai peur en les retrouvant de me faire de nouveau encercler par cette solitude que les vacances ont réussi à me faire fuir. Je recule chaque jour le moment de recommencer comme avant, car je ne veux pas de cet avant qui m'a fait faire tant de surplace. Au fond, je n'ai pas beaucoup de choix : soit inventer une nouvelle façon d'écrire qui ne soit pas retranchement défensif en moi-même... mais prendre ainsi le risque de ne pas parvenir à me retrouver ; soit continuer d'attendre que les mots reviennent d'eux-mêmes... mais risquer de ne jamais réussir à les faire revenir. ![]() _______________________________________________
Il y a un an.
Il y a deux ans. |