Avec ce déménagement qui me tombe dessus, c'est en ce moment chez moi une grande période de rangement, remise en ordre et autres tris. Je classe, je range par catégories et je mets dans des boites les affaires et les papiers, des écrits personnels jusqu'aux documents administratifs, en passant par le courrier reçu et accumulé. J'en profite aussi, même si c'est souvent difficile pour moi, pour jeter ce qui n'est plus utile, ce qui encombre ou ce qui est dépassé. Je me sépare d'objets qui ont pu compter à un moment donné de ma vie, mais qui aujourd'hui sont devenus caducs. Déménager, c'est laisser une partie de sa vie pour continuer à la construire ailleurs. Alors autant ne pas traîner avec soi dans le nouvel appartement qu'on inaugure les broutilles encombrantes du passé...Ainsi, je me suis dit qu'il fallait que je fasse la même chose avec mon Journal : que je mette tout à plat et que je fasse enfin le tri. Voilà, cela fait plusieurs mois que j'y pensais, alors autant que cela soit fait maintenant, puisque c'est inutile de tout remettre à plus tard : je quitte la C.E.V..
Ce n'est ni un coup de tête, ni un acte de révolte ou de provocation. C'est juste une rupture qui va de soi et que je devais faire pour être vraiment en adéquation avec mon écriture et moi-même. Je veux juste être cohérente avec mes idées et mes projets. Ce journal existait bien avant cette communauté et, même si celle-ci lui a certainement permis d'être d'avantage connu, il n'a pas besoin d'elle pour continuer à exister. Je n'écris pas pour faire partie d'une communauté, pour être populaire ou célèbre et me faire d'avantage d'amis. Je me fiche complètement des groupes dans la vie "réelle" - qui plus est par conséquent dans la vie "virtuelle" que constitue Internet. Je ne crois pas que des gens différents, venant de pays divers, n'ayant ni le même âge ni les mêmes intérêts, puissent construire ensemble une "communauté" pour la simple raison qu'ils écrivent chacun quotidiennement un journal public. Peut-être que certains ont besoin de croire qu'une telle "communauté" n'est pas illusoire parce qu'ils veulent se laisser convaincre qu'écrire à côté d'autres individualités les sortira de leur propre solitude. Peut-être est-ce moi-même ce que je cherche - combattre ma solitude - en m'adressant aux lecteurs. Mais il serait malgré tout vain de chercher à profiter d'un groupement dont je ne partage pas la conception affichée.
Les querelles intestines qui animent les diaristes au mieux m'amusent, au pire m'indisposent, et, le plus souvent, m'ennuient et me dépassent. Un journal est un espace de liberté et d'écriture que l'on ouvre pour soi et pour les autres. C'est un trop bel endroit pour qu'il soit gâché par des règlements de compte et des petites guerres inter-clans. Je ne veux faire partie d'aucun groupe ni d'aucun parti. Je veux seulement continuer à écrire pour tous ceux qui veulent bien me lire, qu'importe leur origine. Je n'écris pas pour être acceptée des autres. Tout au plus j'écris pour être acceptée de moi-même. N'est-ce pas déjà énorme ? Peu m'importe de constituer derrière moi un clan ou de me greffer à un groupe déjà existant. Certes, je tisse des liens avec les autres diaristes et certains de mes lecteurs. Ces liens sont beaux et sont une des forces de ce journal. Mais ils se doivent de rester invisibles. C'est cela même qui peut leur donner tant de valeur.
La C.E.V. est un beau projet si son but est de relier ceux qui écrivent. Mais concrètement, je ne crois qu'en son rôle purement pratique : une gigantesque mine de liens vers des sites dont le seul point commun entre eux est l'affirmation d'un "Moi je" sur la page d'accueil. J'ai vu grandir la C.E.V. Au début, nous étions à peine une soixantaine. Aujourd'hui, presque deux cent noms sont juxtaposés les uns aux autres. Dans six mois, avec le développement des blogs, il y en aura peut-être le double. Je ne vois plus pour moi l'utilité d'être un nom parmi d'autres, d'autant plus que je ne me reconnais pas parmi cette multitude de sites qui s'ouvrent chaque mois. Il y a ceux qui se prennent au sérieux et ne savent pas rire d'eux-mêmes. Il y a ceux qui ne saisissent pas la discipline que demande une écriture régulière et qui abandonnent leur embryon de journal au bout d'un mois. Il y a ceux qui ne parlent qu'à leurs copains et dont on se sent exclu si on ne fait pas parti de leur bande. Il y a ceux, inversement, qui n'écrivent que pour eux et qui ne se rendent pas compte que laisser d'autres entrer dans leur univers exige de soigner un minimum l'aspect visuel et orthographique de l'écriture. C'est parce qu'il me semble ne ressembler à aucun de tous ces "diaristes" là que je quitte la C.E.V. et que je continue dans mon coin... comme je l'ai toujours fait au fond.
Mais en quittant un groupement si actif, j'aurai certainement moins de nouveaux lecteurs. Qu'importe finalement. Je crois qu'aujourd'hui mon rapport avec ce journal est beaucoup plus mûr et il m'importe peu de faire exploser mon compteur de statistiques. Ce qui compte, c'est d'avoir des lecteurs fidèles et sincères. La qualité prône toujours plus que la quantité, c'est bien connu.
Ainsi, si vous êtes un de ces fidèles lecteurs, je vous invite à laisser votre adresse ci-dessous, afin de recevoir une mise à jour à chaque fois qu'une de mes pages sera écrites, puisque le système mis en place par la C.E.V. ne sera plus valable pour mon compte.
Merci et à bientôt j'espère !