Mercredi 25 février 2004

Des images sur des silences
Le silence, désormais, est devenu mon unique voix. Bientôt, certainement, on m'oubliera. Déjà je suis devenue une ancêtre effacée de bien des mémoires. Ceux qui se disent "diaristes" aujourd'hui et qui militent pour la cause des journaux en ligne savent-ils seulement qu'une certaine Eva, en son temps, a existé et a réfléchi sur leur statut et sur leur mode d'écriture ? Du fin fond de mon oubli, je me sens si vieille soudainement. Comme si je n'appartenais plus à mon temps. Comme si l'histoire avait avancé sans moi.

Comment vous faire comprendre pourtant que l'écran qui s'éteint, ce n'est pas la vie qui s'arrête ? Ecrire moins, cela ne veut pas dire vivre moins. Bien souvent, il y a au contraire dans l'absence un petit supplément d'existence. Ma vie continue entre les lignes et mon histoire se raconte dans des regards complices. On m'a volé mon temps pour n'en laisser que des miettes. Je suis si persuadée que vous valez mieux que le récit de ces quelques miettes que du coup je garde mes bouts de vie pour moi. Je me mure donc dans le silence et j'attends que les voleurs de temps - Paris, la vie de couple, les études, les petits boulots - me rendent ce qu'ils m'ont substitué. J'ai bel espoir d'un jour pouvoir de nouveau écrire "je" en haut de mes longues pages blanches.

Au lieu d'une vie en mots, pourrez-vous vous satisfaire en attendant d'une vie en images ? Des images comme des témoignages. Des photographies comme des preuves. Des preuves vivantes que derrière la page d'un site gelé, il y a, tout de même, la chaleur de la vie...

Il y a...

Chateauneuf
...un long week-end bourguignon sur une terre chargée d'histoire...

... et arrosée de bons vins...
une cave à Nuit-Saint-Georges
... que l'on déguste pour accompagner les escargots ou le foie gras.

Il y a...
nos deux poissons rouges
... nos deux nouveaux compagnons, achetés sur un coup de tête par O. que j'avais eu la maladresse d'envoyer seul faire les courses...

... afin d'acheter des poissons crus, mais morts...
Sushis
... pour faire découvrir à ex-Kolok, en visite à Paris, combien les saveurs japonaises peuvent être délicates.

Il y a...
azerty
... ces journées entières passées à apprendre un nouveau métier qui, en attend, me fait travailler 8 heures par jour sans être payée...

... mais qui, heureusement, au hasard d'un rendez-vous professionnel...
devant mon écran
... me laisse l'espoir de signer un contrat sur lequel il y aurait marqué "auteur", avec mon nom à côté.

Et puis, il y a tout le reste...
tout le reste que je ne dis pas.
Tout le reste qui se passe dans le creux d'une oreille, dans le souffle d'un baiser, dans la chaleur d'une étreinte.
Tout ce reste qui, sans vouloir vous offenser, ne vous regarde pas !



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