Mercredi 28 avril 2004

Mercredi matin
Pour la première fois depuis des mois, je n'ai pas à aller travailler le mercredi - ni non plus d'ailleurs les autres jours qui suivent. Mon stage est terminé et pour le moment je ne suis pas prête tout de suite à en commencer un autre, voulant prendre le temps de souffler un peu. J'ai tellement couru, de tous les côtés, dans toutes les directions, ces derniers mois. N'ai-je pas le droit un peu de prendre mon temps et de me retrouver ? Bien sûr, j'ai des tas de choses à faire - mémoires, devoirs, examens pour la fac ; cours particuliers, corrections de copies pour se faire quelques (misérables) sous... Mais enfin, tout cela peut se faire à la maison, à mon rythme. Cela fait des mois que je cherche à retrouver ce rythme que j'ai perdu en venant habiter ici et à force de vivre à l'heure des autres, on finit toujours par perdre le sens du temps.

Ce matin, lorsque O. est parti, j'étais encore couchée, perdue à moitié dans un rêve abracadabrant. J'ai entendu qu'il se levait, je l'ai deviné dans la salle de bain, puis j'ai senti ses lèvres sur ma peau avant d'entendre la porte d'entrée claquer. Je suis restée entre le sommeil et le rêve, dans cet entre-deux du matin, avec pour seule conviction que je n'avais pas, pour une fois, à me lever, à me préparer vite, pour être à l'heure.

Un mercredi matin sans contraintes extérieures qui vous attendent au bureau ou à l'école, cela n'a rien à voir avec un dimanche matin paresseux. Les dimanches matins se partagent à deux, dans la douceur du week-end qui s'écoule. Un rayon de soleil qui filtre par la fenêtre entre les persiennes des volets. Des caresses qui se cachent sous les draps. Un chat affamé qui gratte sous le lit pour réclamer ses croquettes venant trop tardivement. Les dimanches matins, ce n'est pas ma grasse matinée. C'est la nôtre - celle qui permet de nous retrouver. Rien à voir avec les mercredis matins.

Un mercredi matin sans rien inscrit dans l'agenda à la page du jour, c'est tout autre chose. Les bruits de la ville au loin, qui toquent aux volets fermés. Le chat qui dort encore au pied du lit et qui n'a pas envie de se réveiller, lui non plus, le premier maître de la maison l'ayant déjà nourri avant de partir. Les gens, là bas, à l'extérieur, qu'on imagine derrière leur bureau, les yeux rivés à l'ordinateur, la main sur le téléphone, et l'ennui et le stress au creux du visage. Et puis surtout la douce culpabilité qui vous fait jouir du pervers privilège de pouvoir dormir lorsque tout le pays semble travailler durement et injustement.

Je me rappelle des jeudis matins de l'année dernière et je suis heureuse de retrouver dans ma nouvelle vie des traces de mon ancienne existence. Un matin à moi, rien qu'à moi. Comme pour dire : oui, vraiment, je m'appartiens.

dormir profondément




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