Mardi 21 juin 2011

Comment c'est possible

C'est le premier jour de l'été. Et pourtant, il fait un froid perçant qui ressemble à l'hiver. Pour venir chez mes parents, j'ai fait deux valises. Une très grosse pour la Sardine, une toute petite pour moi. Mais dans la valise de la Sardine, il n'y a que des affaires d'été. Des bloomers bouffants, des petits hauts roses à pois, des robes brodées sans manche, des tee-shirts décolletés. Alors j'habille la Sardine tous les jours pareil, multipliant les couches d'habits pour contrer le froid. En fouillant dans les armoires pour chercher de vieux tissus, j'ai retrouvé un petit pull en laine ayant appartenu à une génération lointaine. La Sardine est toute boudinée dans son pull d'un autre âge recouvrant ses deux tee-shirts. Je lui embrasse le ventre, touche son petit corps rebondi et je lui répète, C'est mon gros bébé !

Les journées s'écoulent dans une douceur insoupçonnée. Sur la table du salon, j'ai étalé ma machine à coudre et mes tissus. Je couds des robes et des pantalons que la Sardine ne mettra peut-être jamais. Mon travail n'est pas très soigné. Ma mère récupère mes œuvres inachevées, fait l'ourlet en points coulés que j'ai eu la flemme de coudre ou bien arrange les petits défauts de la parmenture de la robe bleue. Je dis à ma mère, T'es mon ouvrière, ma petite main. Et ensemble on attrape la Sardine pour lui essayer la robe trapèze et mesurer son tour de taille pour fermer le bloomer. Je joue à la poupée, et tant pis si j'ai passé l'âge.

Mon père caresse les petits doigts de mon bébé et embrasse le bout de son nez. Il dit, C'est ma toute petite, ma si jolie. Et moi je me dis, Comment c'est possible, tout cet amour. Cet amour qui vous fait gonfler les paupières. Comment c'est possible d'aimer avec tant de force ce qui est sorti de vous. Comment c'est possible tout cet amour qui se multiplie d'une génération à l'autre.

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