Vendredi 24 mai 2013

Météo instable

Le ciel gris, le vent glacé, la pluie et les sandales qui restent au fond du placard. Et puis soudain un rayon de soleil qui s’infiltre entre les persiennes ou qui fait cligner des paupières. Un espoir presque fou : le printemps enfin ? l’été bientôt ? Et puis de nouveau un gros nuage gris qui explose au-dessus des têtes pour laver les trottoirs gris de la ville.

Ma vie ressemble un peu à cette météo capricieuse qui, justement, ne ressemble à rien. Un mal de tête persistant, un corps lourd, un estomac gonflé. Je traîne mes nuages gris sous mes bottes et n’ose pas regarder le ciel. Et puis tout à coup, une avalanche de sourires : une petite voix qui s’écrie « câlins » et des petites mains qui viennent entourer mes jambes. Je glisse mon nez dans ses cheveux bouclés. Je respire sa fraîcheur. C’est mon soleil, c’est mon printemps : ma fille, dont l’existence me surprend à chaque seconde. Mais soudain des cris, des « Non ! » qui hurlent dans l’ascenseur ou au pied de la poussette et le petit ange s’est brusquement transformé en démon, le visage rouge de colère et brillant de larmes. Deux ans, l’adolescence enfantine, la révolte au cœur des « Sais faire moi ! » martelés de la petite voix qui s’affirme déjà avec tant de puissance. Et puis, l’instant d’après, de nouveau le soleil qui vient éclater sur le visage encore tout mouillé. La petite main sur mon ventre pour demander « Quand est-ce qu’il sort le bébé ? » ou encore les fous rires sur le canapé avec le papa taquin qui chatouille et gratouille le cou tout doux de la petite fille aux yeux bleus. Mais de nouveau l’orage. Inattendu, violent, destructeur. Les mots qui sonnent comme des coups : mot de trop ou mot qui manque ? L’espace d’un instant je ne reconnais plus le regard de celui que j’aime. J’ai envie de pleurer, comme pleure le ciel depuis tous ces jours. J’ai envie d’éclater, comme éclatent les nuages depuis toutes ces semaines. J’ai envie de me noyer – me noyer dans ces flaques d’eau grise qui recouvrent les trottoirs depuis tous ces mois. Mais voilà de nouveau toute cette fureur oubliée. Le soleil revient. Je suis penchée avec O. sur une photo. Je regarde les rayons chaleureux glisser à travers les feuillages pour dessiner sur le parquet des petits ronds dansants. Là, c’est là, à deux pas de chez nous, la maison dont on rêve, la maison dans laquelle on se rêve. Tous les quatre, plus le chat. Mais le soleil, déjà, est voilé. Nous arrivons trop tard, « D’autres ont signé la maison avant vous », nous dit l’agent immobilier. Je regarde O. et je souris malgré tout. Le Destin a parlé pour nous. Il y en aura d’autres, qui sait ? Dans six mois, un an, deux ans. Mais que diable nous réserve l’avenir ?

Météo changeante. Vents forts et mer/mère agitée. Giboulées et ne te découvre pas d’un fil. Ne fais pas encore ce qu’il te plaît. Tout ça, tout ça. Attends un peu de voir. Les nuages filent à vive allure dans le ciel. Je ne sais pas très bien à quel ciel me vouer. Je ne sais pas très bien à quoi ressemble ma vie en ce moment. Tant pis, vivons. On verra bien ce qu’il en ressortira.

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