Mardi 30 juillet 2013

Je voulais te dire

Je voulais te dire. Je voulais te dire à toi, rien qu’à toi, petit bout de nous, minuscule asticot qui navigue dans mes entrailles depuis plus de sept mois. Je voulais te dire que je t’admire. Tu es là, tu grandis. Sans faire de bruit. Avec détermination, avec simplicité, avec évidence. Et avec une force incroyable surtout. Alors que nous, face à toi, on a toujours autre chose à penser. On n’a pas beaucoup de temps à t’accorder. Ton papa court à travers la ville (les banques, la mairie, l’agence immobilière) et entasse tous ces papiers (ces « formalités » qui viennent grossir des dossiers). Ta maman fait des photocopies et écrit des courriers, et puis aussi donne le bain, parcourt l’appartement avec un pot à la main ou lance des machines à laver. Entre la grande maison et le grand bébé, il y a toi, petit bout de nous qui grandit, grandit, sans nous déranger. Même si on ne pense pas beaucoup à toi, tu n’as pas l’air de nous en vouloir. Tu es là.

Le soir, en revenant du travail, je m’effondre sur le canapé du salon. Une demi-heure de gagnée avant le retour de la petite tornade aux boucles dorées. Je pose mes mains sur mon ventre et je t’écoute enfin. Pour la Sardine, O. et moi avions suivi scrupuleusement des séances d’haptonomie. On apprenait à écouter les mouvements du bébé sous la peau du ventre. Mais pour toi, on n’a pas eu le temps. Pas le temps, jamais le temps, dans cette vie de déjà parents où l’on court sans cesse après la montre. Mais je n’ai pas eu besoin de cours pour communiquer avec toi. Tu avais à peine trois mois et demi que tu toquais contre la paroi. « Toc toc toc ? tu es là, toi, ma Maman trop occupée pour penser à moi ? » Encore aujourd’hui, tu continues. « Toc toc toc ? », appelles-tu quand enfin je prends quelques minutes pour m’allonger. Tu te tournes dans tous les sens, multipliant les loopings, petite crevette agile que rien n’arrête. J’aime caler ma main sur le côté droit de mon ventre, là où tu as l’habitude de te lover. Je te caresse et tu réponds. Parfois, tu changes de côté. Je te caresse à nouveau et tu suis ma main.

Mais déjà la vie de nouveau m’appelle. Pas le temps d’ouvrir le grand livre de la grossesse que je lisais chaque semaine lors de la première grossesse. Pas le temps non plus de courir les magasins pour te trouver un petit pyjama taille « naissance ». Pas même le temps de compter les jours sur le calendrier. Mais tu es là. Discret et présent à la fois. Si fort, si grand, malgré ta toute petite taille.

Je voulais te dire que je t’admire. Car tu sais t’imposer avec discrétion et évidence. Tu sais être là, avec moi, même si moi j’ai l’impression de ne pas pouvoir me consacrer à toi. Je n’ai pas le temps de penser à toi et pourtant j’ai l’impression de n’avoir jamais été aussi proche d’un enfant à naître. C’est grâce à toi. Tu marches déjà dans notre vie avec beaucoup de délicatesse et d’assurance. Merci à toi.

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