Rien n'a fondamentalement changé par rapport à hier et aux autres jours. Mais mon humeur a la forme d'un ressort : aussi facilement extensible que rétractible. Je tire un petit peu dessus et je m'y enroule comme en une spirale étouffante, puis je lâche soudain l'un des bouts et un morceau de vie m'éclate en pleine figure pour mieux m'ouvrir les yeux.
J'aimerais penser que tout n'est qu'une affaire de perspective : il suffirait que je me place à un autre point de vue pour voir l'horizon de ma vie apparaître sur une plus grande étendue, et alors, regardant le monde de plus haut, peut-être qu'il pourrait m'apparaître foncièrement différent - plus grand, plus beau, plus ouvert. J'ai décidé de travailler à une telle conversion de mon regard aujourd'hui, car il n'est pas en mon habitude de me laisser étrangler par les spirales. Ce n'est pas si facile. Chaque pensée est à modifier, chaque image à décaler. Ce soleil qui flirte par la fenêtre n'annonce pas la pluie prévue demain à la météo mais révèle déjà le printemps qui arrive. Cette bonne copie d'élève ne témoigne pas simplement des progrès naturels et spontanés d'un adolescent, mais est peut-être aussi la conséquence du bon enseignement de son professeur (moi, en l'occurrence). Ces compliments de lecteurs dans ma boîte aux lettres ne sont pas simplement des formules stéréotypées et polies, mais peut-être des phrases sincères et authentiques.
La conversion est difficile. Voir le monde en couleur lorsque tout semble noir et triste est presque une entreprise impossible. Mais la phase de stagnation dure depuis trop longtemps maintenant et si je ne suis pas la première à vouloir la modifier pour permettre un vrai démarrage, alors nul n'y parviendra à ma place. C'est difficile de croire encore en soi-même, mais je suis lasse de ma lassitude. Même si je ne crois pas en une révolution, peut-être que s'en persuader suffira à l'annoncer...
Ce que j'écoute : Madame Butterfly - Puccini (magnifique !)
Nombre de résolutions tenues : aucune (shame on me)