La campagne
à la ville



pour m'écrire









































































































































hier demain
Lundi 30 avril 2001

Il y a un moment où les vacances se terminent et où il faut bien rentrer. Mais dans ces moments là, il ne faut jamais regarder à l'envers. Jamais. Parce que d'où l'on vient le ciel est toujours clair et facile à déchiffrer, alors que là où l'on va il prend des couleurs incertaines et se cache derrière des contours flous. Mais si l'on va droit devant, sans regarder dans le rétroviseur, l'on finit toujours finalement par apercevoir des mers dorées, même si ce n'est pas cellesdans lesquelles l'on voudrait se baigner.

Avant de rentrer dans mes pénates, je me suis dit que j'avais bien mérité un petit tour vers ma campagne, puisqu'elle était justement sur mon chemin. Dans cette campagne, les champs de colza se promènent en liberté. Loin des poussières automobiles et des rumeurs citadines. Il y a seulement le parfum étourdissant et presque insoutenable de ces fleurs au jaune trop éclatant.

Dès qu'elle a mis l'une de ses quatre pattes dans le jardin, Hannah s'est sentie chez elle. Sûrement parce que même chez les animaux domestiqués, il reste un petit peu de cet amour de la liberté avec lequel chacun a dû naître. Elle était heureuse d'être pour une fois du bon côté de la fenêtre. Non pas derrière le carreau, mais devant. Désormais, elle pouvait répondre aux impertinences des oiseaux insolents qui venaient la narguer sous son nez. Elle avait gardé sa noblesse féline, mais, comme une grande reine, elle s'amusait dans sa bergerie improvisée à brouter les fleurs et à surveiller le vol des papillons.

Moi, de mon côté du jardin, j'attendais le printemps. Je voulais croire qu'il était là, même si j'avais trois gros pulls en laine et de grosses chaussures pour ne pas salir mes pieds dans la terre humide. Il y avait bien cette herbe qui était haute déjà. Il y avait bien ces petits boutons roses sur l'arbre de Judée. Il y avait bien ces moutons nouvellement nés dans le pré d'à côté. Il y avait bien aussi ces myosotis qui chantaient dans leur champ azur "ne m'oubliez pas !" au pied du prunier.

Mais il n'y avait pas de soleil chauffant la pierre. Et il y avait trop de vent pour bien entendre le chant des oiseaux. Il n'y avait pas non plus de tulipes, et encore moins de roses. C'est étrange au fond. J'ai quitté la ville pour aller voir la campagne. Mais ce qui faisait la campagne, c'est justement à la ville que je l'avais trouvé de la façon la plus éclatante : un magnifique parterre de tulipes violettes, dans un petit square, près des Invalides, à Paris.

L'hiver en plein mois d'avril, les fleurs en pleine ville, et les oiseaux qui oublient de chanter... C'est le monde à l'envers, ou quoi ?



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Ce que je lis en ce moment : Mrs Dalloway - Virginia Woolf
Ce que j'écoute : la radio
Ma joie du jour : avoir pu enfin visionner les photos prises avec mon nouvel appareil
Ma question du jour : comment fait-on pour les rétrécir ces photos ??