Lundi 2 juin 2003

Juin, déjà
Le temps passe. Le temps passe trop vite. Juin, déjà. La chaleur qui colle les vêtements à la peau, le jour qui s'étire dans les soirées de printemps, et les élèves qui dépeuplent les bancs du lycée et qui, même devant leurs Annabacs, ont déjà la tête ailleurs. Juin, déjà. Dans quelques jours, les cours seront terminés. Dans quelques semaines, j'aurai un gros paquet de copies du bac à corriger. Dans un mois j'aurai déménagé. J'ai du mal encore à me rendre compte que je donne en ce moment les derniers cours avant un très long moment et à me faire à l'idée que bientôt je n'aurai plus de chez moi. Le temps passe et je ne sais pas où il me mène.

Juin, déjà. Je n'ai plus le temps de rien. Je ne réponds plus à mes e-mails depuis des semaines. Mon silence est tellement impoli, j'en ai honte. Je ne vais jamais me coucher le soir avant minuit et même si les journées commencent dès 7 heures, je ne les vois plus passer. Voilà deux mois que je veux prendre un bon bain pour profiter de la si belle baignoire que bientôt je n'aurai plus et jamais je ne n'arrive à trouver une soirée rien qu'à moi. L'autre jour, mon journal a fêté ses quatre années d'existence, et je n'ai même pas pu voler un moment pour célébrer cet anniversaire. Le temps passe, mon Dieu le temps passe...

Je remplis les derniers bulletins et les derniers livrets scolaires. En tout j'aurai noté plus de 340 annotations en cette fin de troisième trimestre. Des "ensemble bien trop juste" et des "bon travail" se sont enchaînés entres les petites cases affiliées à ma matière. J'ai bien cru que je n'en verrai jamais la fin. Et puis, entre deux conseils de classe, j'ai pensé à l'année prochaine. J'ai cherché un boulot, envoyé des C.V., téléphoné à Paris. J'ai obtenu ce que je ne voulais pas et je n'ai pas obtenu ce que je voulais. J'ai été déçue. Et surtout j'ai été inquiète. Que serai-je l'année prochaine ? Comment vivre avec un point d'interrogation ?

Le temps passe. Comment écrire le temps qui s'en va si on a à peine le temps de le vivre ? Il n'y a plus que la volonté d'écrire qui subsiste. Le reste a disparu. Je n'ai plus le temps de m'asseoir devant mon écran d'ordinateur et de rêver. Ca me manque, comme ça me manque.

Juin, déjà. Et je n'arrive plus à écrire. Mon journal disait le "trop vide". Comment peut-il écrire aujourd'hui le "trop plein" ? Quand donc le temps me redonnera l'occasion de me retrouver en moi-même et me rendra la parole ?

Juin, déjà. Le temps m'a volé mon printemps puisqu'il ne m'a pas laissé l'écrire pour vous.

quand donc reviendra le temps des cerises ?



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