Mardi 3 janvier 2006

Je n'arrive plus
Je n'arrive plus à écrire ici. Ce n'est plus seulement une sensation confuse de malaise. C'est un fait. Je fais ce constat ce soir, en cette première entrée d'une nouvelle année. Et soudain je suis prise d'un sentiment de panique. Comme une brutale attaque de solitude. Si jamais je n'écrivais plus ici, que me resterait-il ? Fermer ce site, ce serait comme me bailloner moi-même. Car je ne crois pas qu'il existe dans ma vie un espace où je puisse me confier comme je le fais ici. Me confier sur fond de silence et de pudeur, certes, mais tout de même parler. Et surtout parler en profondeur. Aucune autre parole ne peut avoir la profondeur et la puissance que possède, seule, l'écriture. On peut, dans le creux de l'oreille, confier ses secrets à une autre personne. Mais ce ne sera jamais aussi fort que ce que l'on écrit pour soi ou pour ces prismes de soi que sont les regards des autres cachés derrière un écran.

Je dis tout cela, ce soir. Ces grands mots qui font pompeux dans leur façon de donner une noblesse irremplaçable à l'écriture. Je dis cela, ce soir, en toute sincérité. Et pourtant, je dis aussi l'autre vérité - vérité opposée qui, pourtant, est tout aussi vraie que son contraire : je n'arrive plus à écrire ici. Ici et peut-être même ailleurs ? Les mots se perdent avant de parvenir à me trouver. Ils errent autour de moi, sans plus parvenir à naître et à me faire renaître. Je suis devant la page blanche et j'attends. J'attends pour combien de temps encore ?

Je sens comme un poids qui pèse sur moi. Un poids dont je ne pourrai pas me défaire tant que je n'aurai pas parler. Mais un poids que, pourtant, je n'arrive pas à exprimer. J'écris, j'efface, je recommence. Comme si j'avais quelque chose à avouer. Et comme si je ne savais pas comment le dire.

La vérité, c'est que je ne sais plus vraiment qui je suis. Et lorsque je pense à ce que, peut-être, je vais devenir, j'ai des larmes qui se bousculent au bord des paupières. Ce ne sont pas des larmes de tristesse. Je ne suis pas triste. J'ai juste peur. Peur de ne plus être qui je suis. Peur de me perdre. Peur de ne jamais pouvoir me retrouver.

Je sais que lorsque j'aurai (re)trouvé les mots, j'aurai noyé mes larmes et ma peur. Enfin.


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