Lundi 29 mai 2006

Quatre jours
Voilà un long week-end de quatre jours tout juste achevé. En ce lundi matin, je me réveille avec une désagréable honte - un sentiment inconfortable mêlé de déception et de colère. Pas une émotion violente et difficile à supporter. Non, juste une pâle et vague honte, un peu diffuse. Je me donne l'impression d'être une ex-gourmande au régime qui, dans un geste malheureux, aurait craqué et, ignorant toute bonne résolution, se serait avalée trois tablettes de chocolat en une heure. C'est exactement ça : ce matin, je me suis réveillée barbouillée, vaguement écoeurée, comme si j'avais marché avec de gros sabots boueux sur ma fierté.

C'est une honte diffuse à voir le temps passer et à me contempler, perdue dans ces jours qui se répètent, barbotant dans ma flemme et ma paresse. Ces quatre jours sont passés très vite et je n'ai rien fait contre cet écoulement du temps. Je ne me suis pas agrippée aux minutes. Je n'ai pas tenté de faire un noeud autour des heures pour les empêcher de se liquéfier. Non, j'ai passé quatre jours à regarder dans l'indifférence le temps se consumer. Ce lundi matin, au-dessus de mon lit, il ne reste plus qu'un nuage de fumée grise, comme si chaque seconde s'était envolée dans un lent et discret incendie.

Quatre jours ont passé. Mais où sont-ils passés ? C'est lundi matin et je pense à tout ce que j'aurais dû faire ce week-end. Je me mets à parler au conditionnel passé : je suis fichue. J'aurais dû calculer ma déclaration d'impôts. J'aurais dû mettre de l'ordre dans les comptes. J'aurais dû répondre à tous les mails en retard. J'aurais dû trier les photos du mariage. J'aurais dû commencer l'album photos. J'aurais dû envoyer les dernières cartes de remerciement. J'aurais dû nettoyer le sol de la cuisine. J'aurais dû repasser les draps froissés qui traînent depuis des jours sur le coin du canapé. J'aurais dû me laver les cheveux et prendre soin de ma peau. J'aurais dû faire mes exercices d'arabe. J'aurais dû contacter le plombier pour les travaux dans la cuisine. J'aurais dû faire le ménage dans l'ordinateur. J'aurais dû me replonger dans le HTML et refaire tout ce site dont je me suis lassée. J'aurais dû faire du vélo ou aller à la piscine. J'aurais dû me remettre à écrire. J'aurais dû ne jamais cesser d'imaginer. J'aurais dû de nouveau créer et inventer.

Rien de tout cela. Les jours ont filé. Et moi je me suis défilée.

Quatre jours à dormir et à traîner entre le lit et le canapé, entre la télé et la salle de bain. Quatre jours à dormir jusqu'à en avoir mal à la tête. Quatre jours à s'enliser dans les jours et à porter une fatigue qui semble peser dix tonnes. Je hais cette fatigue qui liquéfie les projets et noie les énergies dans l'ennui. Je déteste ce poids des jours qui rend l'avenir si pesant et si lourd.

Heureusement, dans ces quatre jours, il y a eu lui. Lui et moi et nos câlins. Comme une insulte au temps. Comme un pied-de-nez à la paresse. Comme une force contre l'ennui sans couleur et les jours sans visage. Heureusement.

Le temps qui passe



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