Regards extérieurs.Parfois, dans le métro ou dans la file d'attente du supermarché, je croise un regard inconnu, surprends une conversation qui ne m'est pas destinée ou partage l'espace de quelques secondes ou minutes une rencontre improbable. Ce ne sont pas des personnages. Ce sont juste des personnes ordinaires du monde de tous les jours. Sauf que parfois, de façon complètement inattendue, surgit en moi une émotion, ou bien simplement une réflexion, voire une désapprobation. Pourtant, c'est une scène tout à fait banale du quotidien. Mais je me dis : Mince, il faut que je retienne ce regard, que j'enregistre cette conversation, que je retienne cette parole, cette mimique, cette situation. Comme si c'était une scène de film qui se jouait devant moi, comme si c'était les personnages d'un roman que je croisais soudain au détour d'un couloir de métro. Vérité du réel, sincérité du brut, authenticité du vécu. J'assiste en spectatrice à une intimité dont je ne fais pas partie. Un peu comme si, depuis la rue, je regardais par la fenêtre éclairée les gens vivre leur quotidien dans le salon de leur maison. Il y a comme un afflux de vérité. Je me dis que cette situation qui se joue là, devant moi, à deux pas de mon siège dans le métro ou à mes côtés dans la salle d'attente, c'est un bout de vie que je n'aurais jamais pu inventer avec autant de force et de ressemblance.
Ces rencontres à peine esquissées, j'aimerais les retenir, les garder pour ne pas les oublier. Je me dis peut-être qu'un jour je pourrais ressortir telle ou telle situation de ma mémoire et en faire quelque chose (quoi, je ne sais pas). Mais j'ai la mémoire courte. Et puis, je n'ai jamais de carnet de notes sur moi – je n'ai jamais su prendre en note le monde que je vois, comme bien des écrivains prétendent le faire. Alors j'essaie d'imprimer la scène dans mon esprit, me la répétant insidieusement pour ne pas complètement l'oublier et en m'exhortant Surtout, ne pas l'oublier, pour l'écrire plus tard. Mais l'écrire où ? C'est pour cette raison qu'il y a des années j'ai ouvert les Regards extérieurs. Pour ne pas que ces regards croisés et ces mots volés s'enfoncent dans mon souvenir jusqu'à s'y perdre complètement.
Seulement, je n'ai jamais réussi à tenir régulièrement ce "journal extime". Toujours à un moment donné la paresse s'empare de moi et le temps se fait plus avare. Écrire le monde me semble accessoire face à l'écriture urgente, nécessaire – l'écriture intime – qui s'impose à moi, malgré moi. Alors, mes regards extérieurs se referment, comme si j'en oubliais doucement l'existence.
Mais, on ne sait pourquoi, l'envie parfois me reprend. L'envie de réimprimer à nouveau tous ces regards, toutes ces paroles du monde extérieur. Alors voilà, ressorti du labyrinthe internautique, j'ai retrouvé le blog que j'avais ouvert il y a exactement un an, avant de rapidement m'en lasser et l'oublier. J'ai essayé de me réapproprier l'objet qui, décidément ne me plaît pas trop, et j'ai écrit coup sur coup quatre nouveaux "Regards extérieurs". Il est possible que j'oublie à nouveau l'existence de cette page dans quelques semaines. Mais en tout cas, voilà, aujourd'hui, c'est reparti, une nouvelle fois encore. Si cela vous intéresse, c'est donc ici que se jouent ces nouveaux
P.S. : Je trouve bien triste l'apparence de ce blog. Si l'un d'entre vous a des conseils à me donner pour animer tout ça et surtout le personnaliser (mettre un bandeau en haut de la page, modifier la présentation, augmenter la taille du texte...), n'hésitez pas à me contacter ! Je suis un peu néophyte en questions bloguesques !
Il y a un an.
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