Jeudi 21 avril 2011

Un après-midi au square

Après le biberon de 15 h, j'embarque mon bébé dès que le dernier rot a retenti. J'emmitoufle ma Sardine dans sa petite veste grise, celle qui le fait ressembler à un petit gars, et je la dépose dans le porte-bébé ou bien dans la poussette. Dans le porte-bébé, elle s'endort dès les premiers pas dans la rue, bavant allègrement contre mon chemisier. Dans la poussette, elle ouvre grand les yeux sur le monde et sourit à tous les passants qui s'exclame "Oh le petit bébé-qu'il-est-mignon !"

Dans notre ville, il n'y a pas grand chose à voir, pas grand chose à faire. Le parc est un peu trop loin pour la petite balade de l'après-midi. Alors je varie les itinéraires, au hasard de mes pas. Je marche entre les grands HLM de la Cité et je ramasse des fleurs de marronniers en regardant les petits vieux qui tiennent serré contre eux leur panier à provision. Ou bien je vais dans le centre-ville faire quelques courses (le pharmacien, la superette et la boulangerie pour mon pain au chocolat de quatre-heures) et je m'arrête boire une menthe à l'eau à la terrasse d'un café. Ou bien je finis mon petit tour de ville par le square un peu miteux de l'avenue. Un bac à sable, une fontaine ornée de naïades de pierre un peu kitch, trois brins d'herbe secs et tout autour des bancs disposés comme en une arène pour assister au spectacle. Dans le square, il y a Killian, Ella, Matéo ou bien Enzo. Ils ont des boucles blondes et des nounous noires. Ou bien des cheveux bruns sous leur casquette et une maman au ventre rond qui les surveille du coin de l'œil. Ils font des bêtises (s'asperger d'eau à la fontaine ou bien transporter du sable dans un saut pour le mettre dans la pièce d'eau) et, depuis son banc, leur nounou s'écrie "Non, Malo, tu arrêtes ça tout de suite !" Ou bien, ils rigolent en jouant au chat avec leur papa qui les poursuit en faisant semblant de courir tout doucement. Et l'après-midi s'étale, sous ce soleil d'avril qui ressemble à un mois de juillet.

J'ai noué mon foulard sur les cheveux pour ne pas attraper un coup de soleil. Avec le pied, je berce doucement les roues de la poussette pour ne pas que la Sardine se réveille. À côté de moi, il y a une nounou noire avec une poussette deux-places et un gros bébé chauve à l'intérieur. Une femme de son âge vient la rejoindre, elle aussi accompagnée de trois petits enfants à la peau claire. Une petite fille vêtue d'une jolie robe Liberty et d'un fichu rose s'approche de la nourrice. "Regarde mes chaussures !", invite-t-elle en montrant ses sandales roses. Et la nounou répond, "Oh oui, elles sont magnifiques tes chaussures". L'après-midi continue de s'étendre sous le soleil. Je n'entends pas bien la conversation de mes deux voisines. Mais je relève souvent la tête de mon livre. Pour regarder le papa qui court derrière sa fille ou pour voir que Malo continue de remplir la fontaine de sable.

Il est 18 heures, déjà. L'après-midi se fait plus frais. La Sardine s'est réveillée. Elle cherche du bout des lèvres sa tétine, tourne la tête et émet des petits cris. La faim est là, qui la guette et qui m'indique qu'il est temps de rentrer. Je me lève, laisse en plan le spectacle animé du square et ferme derrière moi la petite porte verte en fer. Un après-midi de plus s'est écoulé. Un après-midi de maman qui ne travaille pas et qui s'ennuie un peu dans ce rôle qui ne lui ressemble pas. Un après-midi passé à observer la vie des autres plutôt qu'à vivre vraiment.

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