Vendredi 19 août 2011

Vole bébé !

Je suis allongée sur le ventre, en appui sur mes coudes. Position assez inconfortable pour taper sur un clavier. Mais je ne peux envisager d'autre position que celle-ci : parallèle au soleil, à trois centimètres de la pelouse, sous le prunier un peu dégarni. La position des vacances. Celle de la paresse des siestes d'été et des rêveries sous le ciel bleu.

Tout à l'heure, après le café du midi, j'ai joué à "Vole bébé !" avec la Sardine. Allongée sur le dos, je l'ai soulevée à bout de bras. 6kg500 pour me faire les muscles. Et vole bébé ! La Sardine a fait un grand sourire, laissant échapper des petits cris de plaisir. Elle a éclaté de rire, là, non ? J'ai demandé à ma mère, à quelques pas de moi. Ce n'était pas un éclat de rire, ça ? Je crois bien que oui, a dit ma mère. Et j'ai relancé une nouvelle fois mon bébé dans les airs. Sa petite robe bleu à pois, ses grands yeux bleus, le ciel bleu sans un nuage. Et vole, bébé ! J'ai abaissé mes bras, posé mon enfant contre mon ventre. La Sardine a continué de lancer ses petits cris. Elle veut dire encore là, non ? J'ai demandé à ma mère qui posait sa tasse de café dans le plateau rond. Je crois bien que oui, a dit ma mère. Et j'ai de nouveau porté mon bébé au bout de mes bras. Ce bleu, au milieu du bleu. Et ces petites joues roses gonflées de rire. J'ai appelé mon père. Vas-y, prends une photo, j'ai dit, presque autoritaire. Et de nouveau, j'ai fait voler bébé. Pour la photo, pour le souvenir, pour que ce moment soit à jamais éternel.

Je pense à la fin qui arrive bientôt. À cette époque qui, bientôt, va se terminer et ne reviendra plus jamais. Je n'ose pas ouvrir mon agenda et compter les jours. Alors je ferme les yeux et j'enregistre. Tout, tout ce que je peux. Tout ce que je ne veux pas voir mourir. Les poules qui font la fête dans le poulailler des voisins, Mina qui ramène une grosse souris et la dévore sous nos yeux, l'odeur du gâteau aux poires de ma mère dans le four, O. qui répare les horloges de la maison sous l'œil attentif de mon père, mon frère qui s'approche de la Sardine et lui tend la girafe qu'elle a échappée. Vole, bébé ! Le temps ne reviendra pas. Alors ne le laissons pas s'échapper trop vite.

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